74 parlementaires PS : “Réindustrialisation : nous sommes à la fin d’un cycle, agissons !”

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74 parlementaires PS : “Réindustrialisation : nous sommes à la fin d’un cycle, agissons !”




















“La réindustrialisation exige des choix clairs, une volonté politique et un effort collectif”, affirme les 74 parlementaires socialistes.
JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

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Pas moins de 74 parlementaires socialistes, parmi lesquels François Hollande, Boris Vallaud, Patrick Kanner et Julien Gokel, en appellent à un sursaut national pour réarmer l’industrie française. Attachés à une concurrence loyale, ils assument des mesures protectionnistes sociales et environnementales ciblées.

Depuis quelques mois, la France connaît plus de fermetures que d’ouvertures de sites industriels. Cette panne de la réindustrialisation, que ce soit dans les secteurs de la chimie, de la sidérurgie, de l’automobile ou de la pharmacie, menace nos territoires, nos emplois, notre souveraineté et notre avenir. Il est temps d’un sursaut national pour relancer notre industrie.

Rétablir la confiance et honorer les engagements

L’incertitude économique et fiscale a plongé nos industriels dans une prudence qui s’est transformée en attentisme retardant des projets stratégiques comme celui de la décarbonation d’ArcelorMittal à Dunkerque ou la reprise du site Chapelle Darblay à Grand-Couronne. Même si le budget 2025 est insatisfaisant, l’action de l’État et le soutien public doivent reprendre.

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Désormais, il ne doit plus y avoir d’excuses : les grands groupes doivent aussi accélérer leurs projets et assumer leur responsabilité dans la transformation industrielle du pays. Les ouvriers et les salariés, eux, n’ont jamais cessé d’assumer la leur et de s’engager pour notre souveraineté industrielle.

Miser sur une énergie décarbonée et compétitive

Nos industriels paient l’énergie plus cher que leurs concurrents américains et asiatiques. Pour garantir leur compétitivité et réussir la transition industrielle, nous devons leur fournir une électricité décarbonée, abondante et abordable. L’absence de nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est incompréhensible.

Le nucléaire, pilier de notre mix énergétique, doit s’inscrire dans une stratégie plus large intégrant pleinement les énergies renouvelables, l’éolien en mer, le solaire ou l’hydraulique. Par ailleurs, l’État doit garantir aux industries électro-intensives des contrats énergétiques compétitifs. À l’échelle européenne, levons les blocages afin que nos nouveaux réacteurs bénéficient d’aides et qu’une part significative de notre production soit allouée à notre industrie.

S’affirmer dans la compétition mondiale

L’Europe ne peut plus être spectatrice du match qui se joue au niveau mondial entre la Chine et les États-Unis. Alors que les géants de ce monde relèvent leurs droits de douane ou réinvestissent massivement dans leur industrie nationale, nous agissons encore trop lentement, il est temps de nous défendre.

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Rétablissons une concurrence loyale en assumant des mesures protectionnistes sociales et environnementales ciblées pour protéger les productions essentielles à notre souveraineté et en accélérant l’instauration du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour favoriser notre industrie vertueuse. Orientons également l’achat public local, national et européen vers nos industriels, vers le Made in France, le Made in Europe plutôt que le « Made in ailleurs » venu du bout du monde.

Mobiliser l’investissement pour l’industrie de demain

La décarbonation est une nécessité économique mais aussi un impératif climatique et sanitaire. La France doit devenir un modèle de l’industrie verte comme le Dunkerquois en est un laboratoire aujourd’hui. Cela implique des investissements massifs que nous devons assumer. La situation des finances publiques ne doit pas nous empêcher d’investir intelligemment pour la transition de notre industrie et au-delà, c’est à l’Europe de prendre le relais, comme le suggère le rapport Draghi, en utilisant sa capacité d’endettement.

Enfin, l’épargne française est abondante, facilitons les placements garantis par l’État dans notre appareil productif, à travers par exemple des fonds d’épargne nationaux et régionaux orientés vers l’industrie locale.

Former les talents, valoriser notre savoir-faire et le dialogue social

La réindustrialisation ne se fera pas sans compétences. Revalorisons l’image des formations et des métiers de l’industrie qui évoluent et qui sont environ 20 % mieux rémunérés que ceux du tertiaire. Offrons de vraies perspectives aux élèves des lycées professionnels et aux apprentis. Misons sur la formation continue pour permettre à nos techniciens et ingénieurs d’évoluer avec les nouvelles technologies. La France a un savoir-faire industriel reconnu, et c’est grâce aux compétences et à l’engagement de nos travailleurs que nous réussirons. Ouvrons la gouvernance de nos entreprises aux représentants salariés. Il ne peut y avoir d’industrie forte sans reconnaissance de celles et ceux qui la font vivre, sans investissements dans la formation, et sans garantie sur la qualité des emplois créés.

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Nous sommes à un tournant. La réindustrialisation exige des choix clairs, une volonté politique et un effort collectif. Offrons à notre industrie l’énergie, les protections et les talents dont elle a besoin. C’est un enjeu économique, une question de souveraineté et de cohésion sociale et territoriale. Agissons dès maintenant, nous avons l’opportunité d’écrire une nouvelle page industrielle qui conjugue performances économiques et exigences environnementales.

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