Deux jours de visite ministérielle. Il fallait bien cela pour prendre la mesure de l’immensité du chantier dont fait l’objet la deuxième ville de France. « La ville dans son entièreté est concernée par des transformations », observe Valérie Létard, ministre du Logement. Qu’il s’agisse des quartiers nord et de leurs imposantes copropriétés dégradées. Du centre-ville où le logement indigne a généré son lot de drames, de la rue d’Aubagne en 2018 à celle de Tivoli, en 2023. Et entre les deux, l’Opération d’intérêt national Euroméditerranée.
Des opérations d’ampleur visant à rattraper le retard qu’accuse la Cité phocéenne en matière de logement. Et à faire face à deux fléaux que sont « les grandes copropriétés dégradées et l’habitat ancien dégradé ». Avec des difficultés qui relèvent notamment « d’un urbanisme et des spécificités architecturales propres à Marseille. Notamment, par exemple, des bâtiments interdépendants ». Dans ce cas, impossible d’en transformer un sans risquer de faire s’effondrer le second. Et dans les grandes copropriétés, une difficulté majeure est de parvenir à retrouver l’ensemble de copropriétaires et de les impliquer dans des rénovations, d’autant que se trouvent parmi eux des marchands de sommeil.
Feu vert pour les ORCoD-In
D’où le besoin d’outils adaptés, et de mesures d’exception. Le Plan Marseille en Grand s’est ainsi penché sur le sujet, avec à la clé 750 millions d’euros d’investissement via l’Anah et l’ANRU. Répondre à l’urgence est aussi au cœur des ORCoD-In, nom un peu barbare pour désigner les opérations de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national. « Nous allons en mettre en place pour quatre des 13 copropriétés les plus dégradées de Marseille ». Celles-ci doivent être soumises au Conseil d’État dès l’été.
Cette décision était très attendue par les acteurs locaux, qui doit permettre, en offrant des latitudes vis-à-vis du droit commun, d’accélérer les procédures et de débloquer d’importants financement pour la rénovation. Ces opérations visent par ailleurs à travailler sur l’ensemble d’un quartier et non sur ses seuls bâtiments, prenant en compte les espaces publics notamment.
Loi contre l’habitat dégradé : les 13 décrets mis en œuvre d’ici l’été
Pour avancer sur ces sujets, les collectivités attendent également la mise en œuvre des treize décrets composant la loi du 9 avril 2024 visant à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé et des grandes opérations d’aménagement. « Trois ont déjà été publiés ou sont en cours de signature », annonce la ministre. « Et d’ici l’été, la totalité de ces décrets seront signés ». Parmi eux, celui offrant la possibilité de mettre en place des syndicats d’intérêt collectif est particulièrement plébiscité.
Et pour aller plus loin que la loi du 9 avril 2024, Valérie Létard a également annoncé de nouveaux axes de travail. À savoir : une meilleure prévention du risque d’effondrement au moyen d’un Observatoire national du bâti fragile, un soutien plus important aux ménages relogés (1,3 million d’euros en 2025 contre 1,2 million en 2024), une lutte plus poussée contre les marchands de sommeil – « main dans la main avec la Justice » -, ou encore la mobilisation de la Banque des territoires pour des prêts à taux zéro afin de résorber les copropriétés dégradées.