Au moment de quitter BNP Paribas en mars 2024, après cinq années à diriger la banque commerciale en France, Marguerite Bérard avait dit ressentir « beaucoup d’émotion » sur le réseau social LinkedIn, tout en restant mystérieuse sur la poursuite de « nouveaux projets ».
Un an plus tard, revoilà la quadragénaire en pleine lumière : la dirigeante s’apprête à prendre les rênes de la banque néerlandaise ABN Amro (10,3 milliards d’euros de capitalisation boursière, selon Euronext). Pour être entérinée, sa nomination doit être soumise, ce mercredi à 14 heures, au vote des actionnaires de la banque basée à Amsterdam.
Première Française à la tête d’une grande banque européenne, voilà qui sonne comme une revanche pour cette énarque, sortie major de la promotion Léopold-Sédar-Senghor devant un certain Emmanuel Macron. Elle qui, après avoir travaillé sans relâche pour donner un second souffle à la banque commerciale de BNP Paribas, s’imaginait succéder au directeur général de l’établissement bancaire, Jean-Laurent Bonnafé. Mais « Margot », comme l’appellent ses proches, a compris qu’elle ne serait pas la dauphine et claqué la porte du jour au lendemain.
Au cœur du pouvoir politique
Avant de se muer en banquière chevronnée, Marguerite Bérard a commencé sa carrière à l’Inspection des finances à sa sortie de l’ENA. Libérale, elle fait le choix de rejoindre l’équipe du président Nicolas Sarkozy et devient conseillère à l’Élysée entre 2007 et 2010. Avant de prendre en main le cabinet du ministre du Travail de l’époque, Xavier Bertrand. « Derrière sa fermeté, elle est une manageuse chaleureuse qui ne ressemble pas à un robot technocratique : elle n’est pas hors-sol », louait, à son sujet, l’élu des Hauts-de-France, au Figaro, en 2019.
C’est finalement l’arrivée au pouvoir de la gauche en 2012 qui l’amène vers le secteur bancaire. Elle entre alors par la grande porte chez BCPE (qui regroupe les Banques populaires et les Caisses d’épargne) au poste de directrice générale adjointe en charge de la stratégie.
Dans cette vie à toute allure, Marguerite Bérard a parfois regretté d’avoir sacrifié certains moments familiaux en raison de ses responsabilités. Mère de deux enfants, elle s’est remariée en juin 2022 avec François Pérol, l’un des dirigeants de la banque Rothschild.
En 2019, elle a publié un ouvrage sur l’histoire de son grand-père juif Le Siècle d’Assia. L’histoire intime d’un homme qui a dû plusieurs fois reconstruire sa vie au gré des événements du XXe siècle.
Ces derniers mois, pour réussir sa nouvelle mission chez ABN Amro, l’ancienne haute fonctionnaire s’est lancée dans l’apprentissage du néerlandais. Un défi de plus pour « Margot » la bûcheuse.
(Avec agences)
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