L’Ukraine doit envoyer cette semaine une délégation à Washington pour discuter de l’accord sur les minerais stratégiques auxquels les États-Unis veulent obtenir un accès préférentiel, en échange de l’aide fournie à Kiev depuis le début de l’invasion russe. Mais une telle signature peut-elle compromettre les chances de l’Ukraine d’adhérer à l’Union européenne ? « Marianne » a posé la question à Stéphane Rodrigues, maître de conférences à l’université Paris I Panthéon Sorbonne et spécialiste du droit européen.
L’Ukraine a reçu fin mars une nouvelle version d’un traité sur les terres rares avec les Etats-Unis, la signature d’un premier accord-cadre en ce sens ayant échoué en février, à la suite du fiasco de la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche. Kiev a qualifié cette dernière version de très désavantageuse pour Kiev. Le projet américain accorderait en effet au fonds conjoint un droit de priorité sur toutes les ressources et infrastructures ukrainiennes. Le conseil d’administration serait dominé par une majorité américaine et l’Ukraine devrait communiquer sous 45 jours la liste de ses projets miniers tout en s’engageant à ne pas exporter vers les rivaux des États-Unis comme l’Union européenne.
Le 30 mars, Donald Trump a averti le président ukrainien qu’il aurait de « gros problèmes » s’il venait à rejeter l’accord, qu’il estime être une compensation de l’aide militaire et économique octroyée depuis maintenant trois ans à Kiev. Les bénéfices serviraient à rembourser l’aide américaine estimée à 100 milliards de dollars avec un taux d’intérêt annuel de 4 %.
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