C’est une annonce que les acteurs de la sidérurgie attendaient depuis longtemps. La Chine, premier producteur mondial d’acier avec plus d’un milliard de tonnes produites en 2024, a indiqué ce mercredi dans un rapport officiel qu’elle entendait en 2025 « promouvoir la restructuration de l’industrie sidérurgique par une réduction de la production ».
« Nous introduirons des politiques et des mesures visant à résoudre les problèmes structurels des industries clés et mettre fin au phénomène de la concurrence déloyale par le biais de la réglementation et de la modernisation de l’industrie », est-il souligné.
Aucun chiffre concernant l’ampleur de cette baisse ne figure toutefois dans ce document publié par la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), la puissante agence chinoise de planification.
Des surcapacités alimentées par Pékin
Les surcapacités de production d’acier sont connues de longue date. Elles auraient ainsi atteint 551 millions de tonnes en 2023 au niveau mondial, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et, ce qui ne devrait pas arranger les choses, 157 millions de tonnes de capacités supplémentaires devraient être installées d’ici 2026, toujours d’après cet organisme intergouvernemental.
La Chine est particulièrement pointée du doigt pour alimenter ce phénomène, en raison de l’effondrement prolongé de son marché immobilier, traditionnellement grand consommateur d’acier. En parallèle, la demande internationale est aussi moins forte depuis plusieurs mois. Pour autant, le gouvernement chinois a continué de subventionner massivement certaines industries, ce qui a permis de continuer à produire et d’exporter à des prix artificiellement bas.
Malgré l’effondrement des bénéfices des aciéries, la production d’acier chinois n’a baissé que de 1,7 % en 2024. Et les exportations ont atteint 111 millions de tonnes, leur plus haut niveau en neuf ans.
Droits de douane en pagaille
De quoi alimenter les frictions avec ses partenaires commerciaux. Plusieurs pays ont d’ailleurs imposé des droits de douane sur les exportations d’acier chinoises au cours des derniers mois. Notamment les États-Unis, afin de protéger la production américaine d’une concurrence jugée déloyale. Une mesure mise en place sous la première mandature de Donald Trump — réitérée ensuite par Joe Biden — et renforcée encore dernièrement. En février, le président américain a signé un décret imposant des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium, à compter du 12 mars. Tous les pays sont cette fois concernés et pas uniquement la Chine.
La Corée du Sud et le Vietnam, les plus grands importateurs d’acier chinois, ont également annoncé des mesures similaires. Séoul a décidé d’imposer provisoirement des droits de douane allant jusqu’à 38 % sur les importations de tôles d’acier chinoises, après avoir mené une enquête antidumping. Tandis que Hanoï va instaurer un droit antidumping allant jusqu’à 27,83 % à partir du 7 mars.
En Inde, le ministre de l’Acier a déclaré que le pays pourrait introduire des droits de douane dans les six prochains mois en raison du « défi majeur » que les importations bon marché de la Chine posent aux producteurs nationaux.
Le Chili a aussi instauré des droits de douane en avril dernier sur les importations chinoises d’acier, mais malheureusement trop tard. La plus grande aciérie du pays, Huachipato, située dans le centre, a fermé après 74 ans d’activité, plombée par l’acier chinois vendu au Chili 40 % moins cher que celui produit localement.
(Avec AFP)
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