Le 12 mars prochain, Alain Rousset inaugurera, de nouveau, un centre de formation aéronautique. Ce sera le troisième en trois mois en Nouvelle-Aquitaine. Quelques jours seulement après avoir coupé le ruban, le 20 février dernier, à Bordes, près de Pau, pour marquer la création de Cami Aéro de Safran Helicopter Engines, et quelques semaines après l’inauguration, le 19 décembre dernier, à Aire-sur-l’Adour (Landes) par Potez, le président du conseil régional se rendra à Hasparren, au Pays basque, chez Lauak.
Le fabricant de pièces et sous-ensembles, troisième employeur privé local, a ouvert sa Lauak Eskola (« ecole » en basque) en mai dernier, mais il a fallu dix mois pour que les nouveaux lieux soient complètement terminés. A eux seuls, les équipements sur lesquels les soudeurs, ajusteurs et chaudronniers en devenir s’entraînent représentent un investissement de 365.000 euros, sur un total de 455.000 euros. « Nous avons déjà une cinquantaine d’apprentis, dont la moitié est en formation continue, l’autre moitié en apprentissage, âgés de 18 à 54 ans », explique Catherine Pauly, sa responsable.
La plus grande particularité de cette formation ? Tous les alternants capables d’occuper un poste, qu’ils obtiennent ou non leur diplôme, sont sûrs de pouvoir rester au sein du groupe familial, qui fête cette année ses 50 ans et réalise actuellement un chiffre d’affaires de quelque 200 millions d’euros avec 1.800 salariés sur dix sites. « Nous leurs proposons des postes en CDI. D’ailleurs, durant leur apprentissage, les moins de 25 ans sont déjà rémunérés à 100 % du SMIC », détaille-t-elle, ajoutant que la cantine est également offerte.
« Niveau record »
Il faut dire que le sous-traitant, qui avait licencié 132 personnes en novembre 2020 pour motif économique, a besoin de forces vives pour faire face à la cadence imposée par ses donneurs d’ordre. Après le ralentissement du trafic aérien pendant plusieurs semaines ou mois selon les continents, la demande est revenue en flèche dès mi 2021 et atteint même actuellement un « niveau record » d’après l’Association du transport aérien international (IATA).
Conséquence, les compagnies aériennes cherchent à développer leurs flottes au plus vite. Après une chute de 40 % de la production pendant la crise du Covid, Airbus vise ainsi de réaliser pas moins de soixante-quinze A320 par mois d’ici fin 2027. « Le système de formation initiale et continue ne forme aujourd’hui pas suffisamment de personnes pour pourvoir aux besoins en recrutement de notre secteur. Avoir notre propre CFA nous permet par ailleurs de former nos futurs employés à la culture et aux processus internes », pointe Catherine Pauly, précisant que chaque modèle d’avion a ses spécificités.
Le raisonnement est identique pour Potez. Le nouveau centre pourra accueillir chaque année 120 personnes et formera aux métiers dits « en tension », de peintre, monteur, chaudronnier, usineur ou encore contrôleur qualité. « Nous avons assuré la formation de 370 personnes ces deux dernières années. C’est dix fois plus qu’il y a vingt ans », précisait Antoine Potez, son président, lors de l’inauguration. Le groupe a également créé un centre de formation pour son client Dassault Aviation à Poitiers l’an dernier et prévoit désormais une école « à proximité de chacun de ses principaux sites », en premier lieu au Portugal et en Espagne.
40.000 emplois
En termes d’essaimage, Safran, qui emploie 100.000 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 27,3 milliards d’euros l’an dernier, a un temps d’avance : le Centre d’alternance des métiers industriels aéronautiques (Cami Aéro) est l’une des neuf écoles ouvertes par le groupe en 2024, portant le total à 70. À Bordes, la première promotion de 50 alternants, engagés pour un à trois ans, apprend les métiers de l’usinage dans l’atelier équipé de 19 machines-outils, soit un investissement total de 6,7 millions d’euros, cofinancé par l’Etat et la région Nouvelle-Aquitaine. « Cet atelier multiplie par trois notre capacité d’accueil d’alternants dans les métiers de l’usinage », selon Cédric Goubet, président de Safran Helicopter Engines.
Si, en Nouvelle-Aquitaine, la filière aéronautique, spatiale et défense représente déjà plus de 40.000 emplois directs, ce nombre devrait par conséquent significativement grimper. La vague des écoles de formation ne s’arrête pas aux frontières régionales. Citons aussi, en Occitanie, l’inauguration en décembre dernier, à Colomiers, près de Toulouse, du quatrième centre de formation de Daher, où les étudiants apprennent à monter des cabines. Airbus a, par ailleurs, annoncé au mois de septembre la construction d’un campus capable d’accueillir 600 personnes en 2026, également à Toulouse.