« Ce n’est pas une bonne année et c’est une année contrastée », résumait, il y a quelques jours, Thomas Juin, le patron des aéroports français, à propos de l’année 2024. Le trafic des plateformes tricolores est en effet encore resté inférieur de 3 % au niveau de 2019, malgré de grandes disparités entre, par exemple, Toulouse (-20 %) et Marseille (+10 %).
En Gironde, 6,59 millions de passagers ont transité par l’aéroport de Bordeaux-Mérignac l’an dernier, soit un trafic stable sur un an (+0,1 %), mais encore inférieur de 14 % au record de 2019. Un redémarrage poussif qui s’explique par l’arrêt de la navette vers Paris-Orly (600 000 passagers annuels) mais aussi par la fin des activités de Ryanair en octobre dernier. Avec 1,7 million de passagers et 25 % de parts de marché en 2024, la compagnie irlandaise à bas coût était numéro un à Bordeaux.
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Et malgré, le positionnement rapide de ses concurrentes Easyjet, Volotea et Transavia, la reconstruction du trafic bordelais prendra du temps. L’aéroport vient ainsi de présenter son offre commerciale pour la saison estivale, qui court du 1er avril au 31 octobre, forte de 78 destinations desservies par 21 compagnies aériennes. Cela équivaut à la commercialisation de 4,5 millions de sièges, soit un million de moins que l’été 2024 où il était question de 128 lignes directes proposées par 22 compagnies aériennes. Seulement quatre destinations inédites sont affichées en 2025 (Dakar, Rabat, Bruxelles et Tirana).
Un manque à gagner potentiellement important pour les professionnels de l’hôtellerie-restauration et du tourisme et de l’œnotourisme alors même que le vignoble bordelais traverse une crise historique. « C’est un signal très inquiétant pour l’économie locale qui s’ajoute à une conjoncture dégradée et au projet de déplacer les bateaux de croisière en dehors du centre-ville, déplore Sylvie Cazes, viticultrice et présidente de la Cité du vin et de l’association des grands crus classés de Saint-Emilion. Les collectivités doivent prendre leurs responsabilités pour redynamiser la destination Bordeaux ! »
La mairie de Bordeaux explore en effet la possibilité de faire accoster les paquebots touristiques plus en amont afin d’éviter un stationnement sur les quais du centre-ville. Un projet vertement critiqué par la chambre de commerce et d’industrie de Gironde qui évalue autour de 300 000 euros les retombées pour les commerçants de chaque escale.