C’était une question qui avait de quoi inquiéter. Les contributions américaines en faveur de l’Ukraine étant au point mort depuis l’arrivée de la nouvelle administration de Donald Trump, l’Europe allait-elle pouvoir combler le manque ? Oui, d’après un rapport publié ce lundi par le centre de recherche allemand Kiel Institute, qui recense l’aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à Kiev depuis l’invasion russe du 24 février 2022. « L’Europe comble largement le retrait de l’aide américaine », affirme l’organisme.
Une aide moyenne en hausse
Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l’Ukraine, n’ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l’Ukraine a tout de même reçu plus d’aide de janvier à avril qu’en moyenne les années précédentes sur la même période.
L’aide de l’Europe – qui englobe l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse et l’Islande – s’est en effet élevée à 6,7 milliards d’euros en moyenne par mois entre janvier et avril, contre 3,6 milliards en moyenne les mois précédent depuis février 2022.
Dans le même temps, l’aide des États-Unis a été en moyenne de 3,2 milliards d’euros jusqu’en décembre 2024 inclus, avant de tomber à 0,12 milliard d’euros par mois (une seule enveloppe de 0,48 milliard d’euros a été octroyée en janvier 2025).
Une bonne nouvelle même si la prudence est de mise. « Reste à savoir s’il s’agit d’une hausse temporaire ou du début d’une évolution plus durable du rôle de l’Europe en tant que principal soutien de l’Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, à la tête de l’équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l’Ukraine, cité dans le communiqué.
Le sujet de la guerre en Ukraine sera d’ailleurs au cœur du sommet du G7, qui s’est ouvert ce lundi au Canada. Les Européens veulent y convaincre le président américain d’annoncer de nouvelles sanctions contre Moscou, visant plus précisément les ventes de pétrole russe.
Une hausse tirée par un petit groupe de pays
L’étude du Kiel Institute montre que l’augmentation de l’aide européenne enregistrée en ce début d’année n’a pas été répartie uniformément. Certains pays ont nettement accru leur effort, à commencer par les pays nordiques. La Suède a ainsi alloué 1,6 milliard d’euros en mars et la Norvège 670 millions d’euros en avril, des chiffres mensuels records pour ces deux pays. Au total, les pays nordiques ont augmenté leur aide de 5,8 milliards d’euros entre janvier et avril de cette année.
Le Royaume-Uni n’est pas en reste, avec 4,5 milliards d’euros débloqués depuis le début de l’année. « Sur ce montant, 1,8 milliard d’euros proviennent d’avoirs russes gelés, plutôt que de nouvelles dépenses budgétaires », précise l’institut allemand. Les institutions de l’UE ont également joué un rôle majeur, avec 12,2 milliards d’euros octroyés depuis janvier.
A contrario, d’autres pays, comme l’Allemagne, ont maintenu des niveaux plus modérés. « Au lieu d’augmenter son soutien après l’arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l’aide allemande par rapport aux années précédentes », indique Christoph Trebesch. À savoir, 650 millions d’euros alloués début 2025, soit une baisse de 70 % par rapport à la même période l’année dernière. « La tendance est la même pour l’Italie et l’Espagne », ajoute le responsable.
Des milliards encore en attente
Au total, 294 milliards d’euros ont été donnés ou alloués à des dépenses précises en faveur de l’Ukraine, selon les derniers chiffres du Kiel Institute (arrêtés au 30 avril 2025). 111 milliards doivent encore arriver, puisque précédemment promis, mais prévus sur le long terme.
L’Union européenne a été le principal donateur avec 131 milliards d’euros débloqués, 69,8 milliards provenant des pays membres et 61,2 milliards des institutions européennes. Derrière le bloc des Vingt-Sept, suivent les États-Unis (115 milliards) puis le Royaume-Uni (19 milliards).
Dans le détail, sur la somme déjà donnée, 140 milliards d’euros ont été de nature militaire, 133 milliards financière et 21 milliards humanitaire.
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