Rapidement, les médias l’ont surnommé « l’affaire Air Cocaïne ». Le 20 mars 2013, quatre Français sont arrêtés sur le tarmac de l’aéroport de Punta Cana, en République dominicaine. À bord de leur jet privé : près de 700 kilos de cocaïne répartis dans 26 valises. Mais, problème, les deux pilotes - anciennes figures respectées de l’armée de l’air - n’ont franchement pas le profil de trafiquants internationaux.
Idem pour les deux passagers dont le casier judiciaire est tout aussi blanc que la drogue découverte. À qui appartiennent ces bagages ? Pourquoi le nom d’Alain Afflelou apparaît-il ? Qui se cache derrière cette affaire ? Bref, un scénario digne de Netflix !
Bingo, la plateforme de streaming lui consacre une série documentaire disponible dès mercredi et malicieusement baptisée Y a-t‑il un dealer dans l’avion ? Dès les premières secondes, nous voilà prévenus avec ce bandeau : « Les faits relatés dans ce documentaire sont minutieusement vérifiés. En revanche, il n’est pas impossible que certains protagonistes ne disent pas toute la vérité. »
« On ne pouvait rêver d’une affaire aussi intrigante et atypique, assure Jérôme Pierrat, cocréateur de la série et spécialiste du grand banditisme. Tout est absurde, il n’y a rien qui colle quand on voit les personnes interpellées. Ce sont des pieds nickelés, c’est vraiment “les Charlots aux Caraïbes“. On est en présence de gars qui n’ont rien à faire a priori dans ce Falcon. Mais pourtant, ils y sont. Cette affaire, c’est comme un artichaut qu’on épluche. Il y a énormément de feuilles avant d’arriver au cœur et au vrai trafiquant. Plus on avance dans l’enquête, plus ce qu’on découvre est invraisemblable. »
Pêle-mêle : un vrai faux agent de Karim Benzema, des barbouzes du Front national, mais également… Nicolas Sarkozy, dont le portable est géolocalisé à la demande de la justice. En cause : un voyage quelques mois auparavant dans ce même avion. « Est-ce qu’on est devenus fous pour penser qu’après quarante ans de vie publique je suis devenu un trafiquant de cocaïne ?, s’indigne face caméra l’ancien président de la République. Ce qui s’est passé est un scandale. »
Une volonté de casser les codes
Tout au long des trois épisodes, on se met dans les pas de Christine Saunier-Ruellan, la juge d’instruction marseillaise chargée à l’époque du dossier. Et c’est peu dire qu’on en a pour notre abonnement Netflix, tant son récit apporte une valeur ajoutée à cette histoire surmédiatisée et maintes fois racontée.
« Elle a accepté de nous décrire son cheminement, ses doutes, et la manière dont elle a travaillé à charge et à décharge ; c’est très rare qu’une juge d’instruction accepte », souligne Olivier Bouchara, cocréateur de la série et responsable des contenus éditoriaux de Vanity Fair.
Avec son complice Jérôme Pierrat, il avait déjà signé pour la plateforme le très remarqué documentaire Les Rois de l’arnaque (2021) - consacré à la tentaculaire fraude à la taxe carbone – et Le Masque (2022), qui retraçait le parcours fascinant de l’escroc franco-israélien Gilbert Chikli. Avec là encore cette volonté de casser les codes mais également d’injecter une bonne dose d’humour.
« Avec Jérôme, on prend des affaires qui sont à la base très sérieuses, glisse Olivier Bouchara. Mais plus on s’en rapproche et plus on y voit de la comédie. Netflix accepte qu’on traite le true crime avec une pointe de burlesque, ils nous offrent un espace de liberté hallucinant. » Le tout sans rogner sur la rigueur journalistique.
« Notre trame narrative est ultra-solide, et ensuite on ajoute des petites touches de fantaisie. Ce n’est pas l’inverse. Cela se fait beaucoup dans la presse anglo-saxonne. » Avec à la clé des moments digressifs et des off croustillants pendant les interviews. « On laisse tourner la caméra tout le temps », s’amuse Olivier Bouchara. On en redemande !
ℹ️ Y a-t-il un dealer dans l’avion ?, série de Jérôme Pierrat et Olivier Bouchara, disponible sur Netflix à partir de mercredi. (Documentaire)
Infos écrans
- Les chaînes info restent stables
Ce vendredi, les Français ont découvert en se réveillant une nouvelle numérotation sur leur téléviseur. Avec notamment un « bloc info » regroupant désormais les unes à côté des autres BFMTV (13), CNews (14), LCI (15) et Franceinfo (16). De quoi bouleverser leurs audiences ? Pas vraiment. Sur cette première journée, CNews affiche 4,2 % de part d’audience, contre 4,1 % la veille. Du côté de BFMTV, la part d’audience s’élève à 2,6 %, contre 2,7 % la veille, avec par ailleurs une progression en audience cumulée, c’est-à-dire en nombre de téléspectateurs qui ont regardé la chaîne dans la journée (12,6 millions de téléspectateurs vendredi, contre 11,4 la veille) et un leadership sur les 25-49 ans.
Du côté de LCI, pas de grands changements constatés. La chaîne du groupe TF1 passe de 6 à 9 millions de téléspectateurs en audience cumulée mais conserve la même part d’audience que la veille (2 %). Enfin, Franceinfo affiche une progression en audience cumulée, passant de 4,9 millions de téléspectateurs sur la journée de jeudi à 8,3 millions sur celle de vendredi. En part d’audience, la chaîne publique grignote quelques dixièmes de point (1,1 % vendredi contre 0,8 % jeudi). Ces équilibres seront-ils conservés dans les prochaines semaines ? À suivre…
- Une histoire de cul
Dans un prime time diffusé mercredi sur TMC, la chroniqueuse de Quotidien Maïa Mazaurette se penche sur un sujet aussi universel que tabou : les fesses. Baptisé sans détour Nos culs -Une épopée du postérieur, son documentaire décrypte la place du popotin dans notre imaginaire et nos sociétés. Faisant vendre - surtout dans les publicités -, fantasmer ou parfois même scandale, le derrière est ausculté sous toutes les coutures par la spécialiste des questions de sexualité. Avec en toile de fond cette question : que raconte-t‑il de notre époque ? Évoquant aussi bien la chirurgie esthétique que le twerk ou encore les pratiques intimes, Maïa Mazaurette réussit comme à son habitude à aborder avec pédagogie un thème bien plus sérieux qu’il n’y paraît. Avec à ses côtés sexologues, influenceurs, stars du X et même… un professeur de fessée.
Nos culs - Une épopée du postérieur, de Maïa Mazaurette. Mercredi à 21 h 25 sur TMC. (Documentaire)
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Rémi Jacob