LA TRIBUNE DIMANCHE — Certaines figures de la droite qui ont exercé le pouvoir avec Nicolas Sarkozy reprochent à Emmanuel Macron d’exagérer la menace russe vis-à-vis de l’Union européenne. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
ALAIN MINC — J’ai l’impression qu’on revit, en accéléré, le film des années 1936-1939. Cette droite-là, comme la droite extrême, me fait penser à la droite munichoise de 1938. De l’autre côté, La France insoumise me rappelle l’extrême gauche du Parti socialiste de 1936, celle de Marceau Pivert, dont certains représentants se sont retrouvés à Vichy. Les chromosomes historiques, ça dure. À l’extrême gauche, le sillon est celui du pacifisme, dont la version chic était Jean Giono ; et à l’extrême droite, c’est celui du nationalisme exacerbé, dont la traduction militaire absurde fut la ligne Maginot. Pour ces gens-là, l’arme nucléaire, au lieu d’être l’instrument de notre influence, n’est que la ligne Maginot des temps modernes.