L’assassinat d’une étudiante de 19 ans a accéléré la libération de la parole sur une île exaspérée par la quotidienneté des violences mafieuses. Après des décennies de déni, l’État semble avoir pris la mesure du phénomène et annonce des mesures fortes.
Deux mille personnes – dont certains élus – qui défilent dans les rues d’Ajaccio derrière une banderole « Assassini, maffiosi, fora » (« Les assassins et les mafieux dehors »). Un préfet de Corse qui attend le cortège devant les grilles de la préfecture, s’empare du mégaphone et lâche : « Ne tournons pas autour du pot, il faut maintenant parler de mafia. » Des organisateurs qui prennent la parole pour dénoncer le racket, réclamer la fin de l’impunité pour les bandes mafieuses et dire la nécessité de « les renvoyer à la marge de la société ». Rien que pour ces images, ce samedi 8 mars fera date dans l’histoire du tout jeune mouvement anti-mafia insulaire. Une histoire qui, en trois semaines, s’est brusquement accélérée.
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Il est environ 22 heures, ce samedi 15 février, lorsque Chloé Aldrovandi, une étudiante de 19 ans, quitte en voiture une villa située dans la localité de Ponte-Leccia, à 50 km au sud de Bastia. À peine s’engage-t-elle sur la route territoriale 20, qui relie Bastia à Ajaccio, qu’elle est prise pour cible par au moins deux tireurs. Atteinte de quinze impacts, elle décède dans les minutes qui suivent.