Quentin de Groeve / Hans Lucas
“Torpillage”
Par Marianne
Publié le
Au lendemain de l’arrestation de trois hommes, dont un agent du consulat algérien, pour l’enlèvement de l’influenceur algérien Amir Boukhors sur le sol français, Alger fait part de sa « vive protestation » et y voit un « torpillage » des relations entre Paris et le régime.
Coup de froid sur le réchauffement des relations entre Paris et Alger. Ce samedi 13 avril au soir, le régime algérien a exprimé « sa vive protestation » après le placement en détention en France d’un de ses agents consulaires, soupçonné d’implication dans l’enlèvement, fin avril 2024, sur le sol français, de l’influenceur algérien Amir Boukhors.
« Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », a affirmé le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué, promettant de ne pas « laisser cette situation sans conséquences ». Trois hommes, dont l’un travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi à Paris, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, dit « Amir DZ », un opposant au pouvoir algérien en place.
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Ils sont poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué samedi le Parquet national antiterroriste. Amir Boukhors est installé en France depuis 2016. Il a obtenu l’asile politique en 2023 alors que l’Algérie réclamait son retour pour le juger.
« Argumentaire vermoulu »
Le ministère algérien a dit avoir reçu l’ambassadeur de France pour « exprimer la vive protestation » d’Alger. Sur la forme, l’Algérie a rappelé que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique ».
Sur le fond, Alger dénonce « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, estimant que cette « cabale judiciaire inadmissible » repose « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène » Amir Boukhors.
« Ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard », a assuré le ministère. Il se produit « à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d’État (français et algérien, N.D.L.R.) lors de leur récent entretien téléphonique », a-t-il estimé, en exigeant la libération « immédiate » de l’agent.
Un contexte explosif
De vives tensions ont affecté pendant huit mois les relations entre l’Algérie et la France, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé fin juillet de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où les indépendantistes du Front Polisario sont soutenus par Alger. Elles se sont encore aggravées notamment avec l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
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Ces tensions se sont néanmoins un peu apaisées ces derniers jours, à la faveur notamment d’un appel le 31 mars entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ayant acté la reprise du dialogue bilatéral.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne