Depuis plusieurs semaines, des Tunisiens installés en Europe de manière irrégulière alertent sur la multiplication des expulsions. Les images inondent les réseaux sociaux et nourrissent une vive critique à l’encontre du président, Kaïs Saïed.
« C’est un cauchemar, la Tunisie m’a trahi. » Trois mois après son expulsion vers la Tunisie, Ahmad (le prénom a été modifié) crache encore sa colère. Après 13 années passées en France dans l’irrégularité, ce trentenaire s’est vu infliger une OQTF fin janvier 2025. Le document précise qu’un « laissez-passer consulaire lui a été délivré le 24 décembre 2024 » : c’est là l’origine de la rage d’Ahmad.
À LIRE AUSSI : L’UE offre un “partenariat stratégique” de 900 millions d’euros à la Tunisie pour bloquer les migrants
« En 2022 on m’avait déjà arrêté et mis en Centre de rétention administratif, mais l’ambassade n’avait pas donné le laissez-passer », se souvient le jeune homme, qui ne s’attendait donc pas à être expulsé à l’issue de sa détention. « Je pleurais dans l’aéroport, ma femme au téléphone », raconte Ahmad, qui s’était installé avec sa compagne française dans la région lilloise. « Et tout ça, c’est à cause de l’accord que notre enfoiré de président a signé avec l’Europe », lâche-t-il en référence au mémorandum d’entente signé à Tunis en juillet 2023 entre Kaïs Saïed et Ursula von der Leyen. Le texte, vague, prévoyait une coopération renforcée des deux parties pour « le retour et la réadmission depuis l’Union européenne des nationaux tunisiens en situation irrégulière ».