Installation jumelle de l‘ex-Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort, près de Bordeaux, l’usine MMT-B connaît des difficultés anciennes l’ayant fait basculer entre les mains de l’équipementier canadien Magna en 2021 puis du fonds d’investissement allemand Mutares début mars 2023. C’était il y a tout juste deux ans et le site dédié à la fabrication de boîtes de vitesses manuelles X65 pour le compte de Ford comptait alors un effectif de 740 salariés.
Un effectif qui n’a cessé depuis de fondre pour tomber à 430 personnes actuellement, malgré les tentatives de diversification initiées par le nouveau propriétaire. Il s’agissait d’assurer la production de 2 000 robots tondeurs pour la start-up bordelaise Vitirover et de dédier une ligne de production à l’assemblage de dizaines de milliers de bornes de recharges pour véhicules électriques pour l’entreprise Wattpark. Des initiatives cohérentes, mais qui ne devaient occuper que quelques dizaines de salariés dans le meilleur des cas.
Des diversifications infructueuses
Or, la réalité s’est avérée plus compliquée que prévu. « Ces diversifications étaient de bonnes idées, mais elles n’ont pas tenu longtemps. Aujourd’hui, Vitirover occupe deux salariés et l’activité pour Wattpark est en pause depuis juillet dernier », révèle Régis Labasse, secrétaire Force ouvrière du comité d’entreprise.
D’autres projets de prototypages de pièces pour Daimler et BMW sont dans les tuyaux, mais ne devraient pas monter en cadence avant 2026 alors que, dans le même temps, son fournisseur Amis, basé près de Guéret, est en redressement judiciaire tandis que les commandes de Ford s’effondrent.
« Un rythme de fin de vie »
Le constructeur américain, principal client de l’usine, ne cesse en effet de réduire les volumes de boîtes de vitesses attribués à MMT-B. De 135 000 unités en 2024, les commandes de Ford tomberont à 70 000 en 2025 puis 50 000 en 2026 et seulement 30 000 en 2027. Soit des pertes de chiffre d’affaires, respectivement de 15 puis 18 millions d’euros. « C’est un rythme de fin de vie et il n’est pas compliqué de comprendre que l’usine ne peut pas être rentable dans ces conditions, déplore Régis Labasse. Ces projections donnent une idée des ambitions de Ford pour notre usine avec une activité capable d’occuper 150 à 200 personnes d’ici 2027 d’où la présentation de ce plan social. »
Selon les syndicats, la direction projette en effet un plan de sauvegarde de l’emploi, précédé d’un plan de départ volontaire, pour aboutir à la suppression de 230 postes maximum d’ici la fin de l’année 2025. Le dispositif sera présenté aux représentants du personnel dès le 13 mars.
« Aujourd’hui la stratégie automobile a changé, on passe plutôt sur de l’électrique. Et Ford veut aussi mettre des boîtes automatiques sur les voitures, donc c’est ce qui nous a fragilisés, ajoute le délégué syndical. Mais nous voulons travailler, on souhaite que les constructeurs français nous passent des commandes ! »
C’est effectivement l’absence de perspectives industrielles solides pour prendre le relais de Ford qui sape lentement mais sûrement l’avenir de MMT-B depuis des années. Et cela malgré les ambitions affichées par la nouvelle direction fin 2023 : « C’est la fin de l’histoire avec Ford qui a été l’unique client jusqu’ici. L’objectif en 2026 est d’être multiclients et multiproduits. Et c’est en ce moment que nous nous y préparons », espérait alors Olivier Boidin, président et directeur des ressources humaines de MMT-B. À l’époque, il était question d’investir 14 millions d’euros dans la rénovation, la diversification et la revitalisation du site. Dix-huit mois plus tard, le compte n’y est pas.
