Le scandale avait provoqué une véritable déflagration dans le secteur automobile. En 2015, des investigations menées par l’International Council on Clean Transportation (ICCT) et l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ont révélé que le constructeur automobile allemand Volkswagen, premier constructeur européen, utilisait des logiciels de trucage pour permettre à ses véhicules diesel de valider les tests officiels antipollution en laboratoire.
Rien que chez Volkswagen, 11 millions de véhicules sont concernés. Mais la pratique se révélera finalement présente chez de nombreux constructeurs, à l’instar de Renault.
Pour les industriels, l’objectif était de contourner les normes d’émissions Euro 5 et Euro 6 introduites dès 2009 en Europe, et qui réduisaient les seuils d’émissions de particules fines, notamment d’oxydes d’azote, pour les véhicules. Des particules nocives pour la santé.
De terribles conséquences
Dix ans après le « Dieselgate », le Centre de recherche sur l’énergie de l’air pur (Crea), un centre de chercheurs indépendants fondé à Helsinki (Finlande) chiffre les terribles conséquences de cette supercherie.
Selon le Crea, les émissions excédentaires engendrées par ces millions de véhicules non conformes à la réglementation — émettant plus de 2,1 fois la limite légale —, ont provoqué le décès prématuré de 124 000 personnes dans l’Union européenne et au Royaume-Uni entre 2009 et 2024. Dans l’Hexagone, sur la même période, 16 000 personnes sont décédées prématurément, indique le rapport.
Sans mesures prises pour sortir de la circulation ces véhicules non réglementaires ou corriger leurs émissions, le Crea anticipe le décès de 8 000 personnes supplémentaires d’ici à 2040 en France et près de 81 000 à l’échelle de l’Union européenne et du Royaume-Uni.
Le plus alarmant, peut-être, est de rappeler que ces chiffres du Crea sont fondés uniquement sur les émissions excédentaires de ces véhicules — celles liées au trucage par les constructeurs —, et non à « l’intégralité des émissions émises » par ces voitures diesel.
Dans ce cas, le rapport prévoit que « le poids des émissions réelles totales de ces véhicules dans l’UE et au Royaume-Uni entre 2009 et 2040 dépassera 300 000 décès prématurés et près de 2 000 milliards d’euros de coûts économiques ».
Une situation particulièrement préoccupante que les États européens et le Royaume-Uni ne peuvent plus ignorer alors que « la pollution atmosphérique est reconnue en tant que problème environnemental et sanitaire critique par les scientifiques », pointe le Crea.
Un coût financier colossal
Maladies chroniques, absences au travail, décès… Les conséquences des émissions liées à ces véhicules diesel sont sanitaires, mais aussi financières. D’après le rapport, elles auraient déjà eu 760 milliards d’euros d’impacts économiques entre 2009 et 2024 pour l’UE et le Royaume-Uni.
Rien qu’en France, le Crea évalue le coût économique du « Dieselgate » à 101 milliards d’euros pour le pays sur la même période. « Si rien n’est fait, les projections font état de […] 45 milliards d’euros de pertes économiques [supplémentaires] entre 2025 et 2040 », préviennent les chercheurs.
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Jean-Victor Semeraro