Parmi les favoris du Ballon d’Or à seulement 17 ans, Lamine Yamal pourrait permettre au Barça de prendre le large en Liga ce dimanche, face au Real Madrid. Óscar López, son dernier coach à la Masia, s’est livré sur la plus grande pépite de la planète foot.
Lamine Yamal, Pau Cubarsí, Alejandro Balde, Ansu Fati, Fermín López, Marc Casadó… tous sont passés sous les ordres d’Óscar López à la Masia. L’ancien défenseur, passé pro en même temps que Lionel Messi au Barça, a accompagné les équipes jeunes du club pendant six ans. De 2020 à 2024, il a dirigé les Juvenil A du FC Barcelone, formation engagée en Youth League. Le meilleur joueur qu’il a entraîné ? “C’est clair que je vous dirais Lamine”, nous confie-t-il. Le technicien espagnol se livre sur Lamine Yamal pour RMC Sport.
RMC Sport : Quand Lamine Yamal arrive sous vos ordres à la Masia, quelle est votre première impression ?
Óscar López : Mes premières impressions étaient très bonnes. Il avait un talent inné et une interprétation du jeu qui attirait directement l’attention, tout de suite. D’autres gars ont du talent, mais interprètent le jeu avec une certaine innocence à cet âge. L’interprétation normalement c’est le fruit de l’expérience, d’années de travail. Et ce n’était pas normal qu’un jeune de 15 ans joue déjà de cette manière. Lamine avait 15 ans, et il jouait contre des joueurs de 20 ans, donc j’ai travaillé un peu différemment qu’avec presque tous les autres. Je le faisais rentrer dans le groupe et mettais en place les choses progressivement pour qu’il se rende compte que tout n’allait pas être si facile dans le monde professionnel.
On parle beaucoup de son talent, mais c’est aussi un grand bosseur Lamine Yamal ?
Oui c’est quelqu’un qui veut s’améliorer. Il a une mentalité très mature. Après les séances d’entraînement, il me demandait souvent : ‘Est-ce qu’on pourrait rester travailler un peu ? Je voudrais m’améliorer sur ça, ça, ça et ça.’ Et pendant la semaine, lorsqu’on ne pouvait pas travailler sur le terrain, on travaillait en vidéo.
Il y a un souvenir qui vous a marqué avec lui ?
Oui je me souviens d’une très bonne anecdote. Match à domicile ordinaire en championnat, contre Majorque. Ils mènent 2-0. On arrive à la mi-temps et c’est la bronca typique, on essaye de corriger les concepts tactiques, on essaye de faire comprendre aux jeunes qu’on ne peut pas jouer avec autant de parcimonie pendant 45 dans le monde professionnel. Lamine a tout compris à la perfection. Il a donné deux passes décisives et marqué un but en deuxième mi-temps. Finalement, on est revenu pour gagner le match 3-2.
Il est comment Lamine Yamal, dans un vestiaire ?
Calme, bon coéquipier. Il est clair qu’il a ses moments de folie ou de joie en tant qu’adolescent de 16 ou 17 ans, mais ces gars qui ont leur propre personnalité, il faut les laisser montrer cette personnalité, parce qu’après ils la montrent aussi sur le terrain. En fin de compte, il est plutôt introverti, mais dans son groupe ou dans son espace, c’est un gars très joyeux.
En tant que coach, vous avez partagé un vestiaire avec Lamine Yamal, en tant que joueur, vous avez aussi partagé un vestiaire avec Lionel Messi au même âge… Vous voyez des similitudes entre les deux ?
Les deux sont similaires. Deux garçons avec un talent inné, avec une technique spectaculaire, tous les deux introvertis. Deux bons gars, bons coéquipiers, fidèles à l’entraîneur et à leurs coéquipiers, qui se sacrifient. Donc oui, je vois des similitudes.
Lamine Yamal est souvent comparé au jeune Lionel Messi…
Évidemment je crois que Messi est incomparable. C’était mon coéquipier quand nous avons commencé avec l’équipe première, et les choses qu’il faisait déjà étaient extraordinaires. Lamine a toute sa carrière devant lui pour grandir, mais c’est vrai qu’à son âge il a plus de titres que Messi au même âge ! Les deux aiment jouer sur le côté droit et entrer à l’intérieur, mais Messi avait une qualité que Lamine n’a pas encore : la capacité de savoir ce dont a besoin l’équipe, l’interpréter et le faire. Lamine a souvent la capacité de l’interpréter mais c’est parfois plus dur de le faire. Ce n’est pas technique ou tactique, mais plutôt au niveau émotionnel.
Jusqu’où peut-il aller dans sa carrière ?
Lamine n’a pas de limite. En fin de compte, c’est un jeune de 17 ans, et il met déjà souvent l’équipe sur son dos.
Certains parlent déjà du Ballon d’Or…
C’est peut-être un peu prématuré, non ? En tout cas, c’est un gars qui montre qu’il a les garanties de pouvoir l’obtenir, mais c’est tôt. En fin de compte, tout vient dans le football, avec du travail et cette mentalité qu’il a, si cela doit venir, cela viendra, bien sûr.
Quand vous voyez Lamine Yamal exploser au plus haut niveau, briller en demi-finale de la Ligue des champions, que ressentez-vous ?
Une immense fierté, comme tous les autres entraîneurs qui l’ont connu j’imagine. Une immense fierté d’avoir pu lui apporter des choses.
Vous voyez des choses dans son jeu que vous avez travaillé avec lui à l’entraînement ?
Oui bien sûr ! Ça m’arrive avec tous ces gars. Les espaces que Fermín López interprète à merveille, c’est du travail qui a fonctionné. Toutes les passes de Cubarsí qui cassent les lignes… Il y a beaucoup de choses que l’on voit que l’on a travaillé avant.
Parmi les joueurs que vous avez formés, il y a aussi Ansu Fati, dont la carrière est freinée par les blessures. Comment faire pour que Lamine Yamal reste un phénomène sur la durée ?
Surtout le protéger de certaines situations, en tant que jeune, pour ne pas qu’il se trompe. Tout le monde sait qu’il faut parfois faire des erreurs dans la vie pour s’améliorer… mais ce que je dis moi : c’est quand même mieux de s’améliorer sans faire d’erreurs non ? Ce n’est pas plus simple mais c’est plus heureux. Et pour les blessures, une blessure fortuite après un choc on ne peut rien y faire, mais ce qu’il faut c’est faire attention à soi dans l’entraînement invisible. En mangeant bien, en se reposant bien, pour éviter certaines blessures.
Ce dimanche, qu’attendez-vous de lui lors du Clasico ?
Qu’il continue ce qu’il est en train de faire. J’espère un Lamine incisif, qui affronte les défenseurs. Quand Lamine se retourne et fait face, il est super craint parce que s’ils le laissent en un contre un il est supérieur qualitativement, et s’ils se mettent à deux ou trois ça libère un autre joueur qui peut en profiter.