Depuis 24 heures, la menace était perceptible. Cette fois, c’est décidé : le gouvernement suspend temporairement le dispositif MaPrimeRénov’, confronté à une explosion des demandes et à une recrudescence de fraudes. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a assuré ce mercredi que le système serait rétabli « avant la fin de l’année ».
Intervenant au Sénat lors des questions au gouvernement, Éric Lombard a justifié cette décision par « un encombrement » du dispositif et « un excès de fraudes » sur lequel l’exécutif souhaite « reprendre la main ». La suspension, bien que temporaire, intervient dans un contexte de tensions sur les finances publiques et de restructuration des politiques de soutien à la transition énergétique. « Il ne s’agit pas de faire une économie en douce », a-t-il insisté devant la commission des Affaires économiques du Sénat. « Une fois que cela sera réglé, le processus pourra continuer. »
« Effet de ciseau »
Malgré la pause, le ministre a tenu à dissiper toute idée de restriction budgétaire. Sur les 3,6 milliards d’euros prévus pour MaPrimeRénov’ en 2025 — un montant stable par rapport à 2024 — seuls 1,3 milliard ont été engagés à ce stade. Il a évoqué une saturation administrative liée à un afflux massif de demandes depuis le début de l’année, avec un triplement du nombre de rénovations financées.
L’exécutif pointe aussi un « effet de ciseau » entre instabilité réglementaire et opportunisme : « L’instabilité des règles permet aux fraudeurs de s’organiser », a souligné Éric Lombard, évoquant quelque 16 000 dossiers jugés suspects, soit 12 % des demandes en cours d’examen.
La date précise de la suspension n’a pas été communiquée par le ministre, bien qu’une interruption dès le mois de juillet ait été évoquée par la presse. Du côté des professionnels du bâtiment, le gel provisoire du dispositif suscite déjà de vives inquiétudes, alors que MaPrimeRénov’ constitue un levier majeur de soutien à l’activité des artisans et PME du secteur.
(avec AFP)
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La Tribune