Dans le Puy-de-Dôme, Bernard Roux a vu l’église et la société changer. La diminution des vocations a modifié en profondeur l’organisation des paroisses, passant d’un travail en équipe à une solitude pesante.
Je viens d’une famille de cheminots et mon enfance s’est déroulée à Pont-de-Dore (Puy-de-Dôme), un quartier animé qui, à l’époque, possédait une gare importante. À l’école de Peschadoires, où j’étais scolarisé, il n’y avait pas de cantine. À la place, un prêtre et des religieuses avaient mis en place un système ingénieux où nous apportions notre bidon pour manger sur place. C’est dans cette ambiance chaleureuse que j’ai découvert la foi, le catéchisme, de manière naturelle et joyeuse. Pourtant, je sentais que je ne devais pas trop en parler à ma famille. Mon père, peu porté sur la religion, disait : « Moi, j’y entre seulement pour vos communions. »
Lorsque mon père a été muté à Riom, j’ai intégré un collège public, en section moderne. Rapidement, on a proposé à ma mère de me faire passer en section classique, où l’on enseignait le latin. C’était peut-être un signe. Ma vocation n’a pas été une révélation soudaine mais une maturation progressive. Mon père savait que cette idée me trottait dans la tête. Il disait souvent : « Je ne veux pas empêcher mes enfants de suivre leur voie, mais je ne voudrais pas qu’ils se trompent. »