Après dix ans de déboires financiers et de coups de pression entre parties prenantes, la situation du Stade Matmut Atlantique est en passe de se dénouer. Mise en service en 2015 dans le cadre d’un complexe partenariat public-privé, l’enceinte de 42 000 places n’a jamais trouvé son modèle économique, accumulant 20 millions d’euros de pertes en dix ans. La dégringolade sportive des Girondins de Bordeaux puis la perte du contrat de naming avec la Matmut ont fini de plomber tout espoir d’équilibre économique, poussant l’exploitant SBA à saisir le tribunal de commerce.
De quoi relancer un ultime cycle de négociations entre la filiale de Vinci et Fayat et Bordeaux Métropole, la propriétaire de l’enceinte mise en service pour l’Euro 2016. Et ces discussions ont finalement abouti à un accord amiable pour rompre, dès le 31 juillet prochain, le contrat de partenariat qui courait jusqu’en 2045. Bordeaux Métropole reprendra ainsi l’exploitation du stade en régie publique à partir du 1er août 2025.
Divorce par consentement mutuel
« On n’a peut-être pas très bien réussi notre mariage mais notre divorce se passe dans de bonnes conditions », image Christine Bost, la présidente de la collectivité, qui évoque « une conclusion sans heurts, sans indemnités pour SBA permettant la continuité de l’exploitation. » La rupture du contrat de PPP puis l’extinction de SBA en fin d’année mettront, de fait, fin aux risques de contentieux longs et coûteux devant les tribunaux.
Mais cela représente aussi un saut dans l’inconnu pour la gestion en régie publique d’un équipement de cette ampleur, combinant enjeux immobiliers, sportifs et évènementiels. « Tout compris, le stade nous coûtait jusque-là entre 8 et 8,5 millions d’euros par an. Un montant qui serait monté à 12 millions d’euros en accédant aux demandes de SBA. L’enjeu pour nous est donc de réussir à l’exploiter en étant dans cette fourchette de coût et le plus proche possible de 8,5 millions d’euros », cadre Christine Bost. Un chiffre qui inclut la dette restante de 82 millions d’euros auprès de La Banque Postale et de Sumitomo Bank et dont la collectivité assurait déjà le remboursement.
Dans l’immédiat, la régie métropolitaine reprendra les neufs salariés de SBA et constituera une équipe chargée d’exploiter le stade qui retrouvera son nom d’origine : Stade Atlantique. Il faudra accueillir les Girondins l’an prochain en Nationale 2 (un million d’euros de loyer annuel) ainsi que, probablement, deux matchs de rugby de l’Union Bordeaux Bègles. Des candidatures ont aussi été déposées pour accueillir le XV de France masculin contre l’Angleterre et le XV de France féminin contre les Fidji. Pour la suite, « le stade n’est pas à vendre », assure la présidente de Bordeaux Métropole, mais « nous étudierons toutes les propositions qui nous parviendront dans l’intérêt de la collectivité et du territoire. »