Alors que le Premier ministre François Bayrou prépare les annonces budgétaires du 14 juillet, la quête des 40 milliards d’euros nécessaires pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026 s’intensifie.
Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Économie, Éric Lombard, privilégie une réduction radicale des dépenses, écartant, pour l’heure, une hausse globale des impôts. Toutefois, dans un paysage politique mouvant, aucune piste n’est réellement exclue, et la concertation avec les parlementaires et partenaires sociaux est la priorité.
La contrainte de la dépense publique au cœur des arbitrages
La feuille de route est claire : « Il n’y aura pas de hausse d’impôt d’ensemble », a martelé Éric Lombard, après les ajustements fiscaux de 2025 qui ont ciblé les grandes entreprises et les ménages les plus aisés. Cette position s’appuie sur la conviction que le problème français réside non pas dans le niveau des prélèvements obligatoires, mais dans celui des dépenses publiques. L’objectif est de dégager 40 milliards d’euros, répartis entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales.
Cependant, les portes de Bercy ne sont pas totalement fermées. L’instabilité du gouvernement minoritaire impose une flexibilité et une écoute attentive des différentes sensibilités politiques. Des sources indiquent que les plus aisés pourraient à nouveau être mis à contribution, notamment pour rallier le soutien du Parti socialiste, si d’autres leviers s’avéraient insuffisants. Matignon a d’ailleurs enjoint les ministres à la discrétion, évitant les annonces prématurées qui pourraient nuire au processus de concertation.
L’« année blanche »: une option controversée mais séduisante
Parmi les pistes les plus évoquées pour dégager des économies massives, celle d’un « gel budgétaire », communément appelée « année blanche », prend de l’ampleur. Cette proposition, avancée notamment par le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), qui estime qu’« aucune dépense n’est sacrée », trouve un écho chez des parlementaires comme Mathieu Lefèvre (Renaissance). Ce dernier y voit « la moins mauvaise des solutions permettant d’éviter les augmentations d’impôts », un scénario qu’il rejette fermement.
L’application d’une telle mesure soulève néanmoins des questions complexes quant à son périmètre. Faut-il y inclure les collectivités locales, les retraites, les prestations sociales ? Selon Mathieu Lefèvre, un gel des dépenses de l’État, des dotations aux collectivités et des prestations sociales, y compris les retraites, au niveau actuel, pourrait générer jusqu’à 25 milliards d’euros d’économies. « L’effort à faire est trop important pour le faire reposer seulement sur une partie de la population », a-t-il déclaré, tout en excluant un gel du barème de l’impôt sur le revenu ou de la CSG, qui équivaudrait à une augmentation d’impôts.
Face à ces interrogations, Éric Lombard a renvoyé à la « concertation », tandis que Bercy vise à freiner la croissance de la dépense publique, sans ambition de la stabiliser en valeur.
La TVA sociale : un serpent de mer qui refait surface
Le Premier ministre, François Bayrou, a également relancé le débat sur une « TVA sociale », appelant à un « effort à tous les Français » pour assainir les finances publiques. L’idée est de compenser des baisses de cotisations sociales pesant sur le travail par une augmentation de la TVA, afin de financer la protection sociale. L’objectif n’est pas, en soi, de générer des économies directes, sauf si la TVA, actuellement à 20 % pour le taux normal, était augmentée sans contrepartie sur les cotisations, ce qui équivaudrait à une hausse d’impôt potentiellement impopulaire.
Cette mesure, régulièrement évoquée par le passé, se heurte à une forte opposition politique. La gauche et le Rassemblement national s’y opposent catégoriquement, ce dernier allant jusqu’à brandir la menace d’une motion de censure si la TVA sociale venait à être adoptée. Le gouvernement souhaite néanmoins que les partenaires sociaux, syndicats et patronat, se saisissent du sujet et proposent des solutions.
Rationalisation des opérateurs et chasse aux niches fiscales
Parallèlement aux pistes évoquées, le gouvernement entend également passer au crible le fonctionnement de l’État. Un objectif d’économies est fixé à travers la fusion et la suppression de plusieurs opérateurs ou agences de l’État, à l’exception des universités. Cette rationalisation pourrait dégager entre 2 et 3 milliards d’euros sur plusieurs années, sur un total de plus de 77 milliards d’euros de financements publics.
Les niches fiscales sont également dans le viseur de Bercy. Sur les 467 dispositifs existants, qui représentent quelque 85 milliards d’euros, le gouvernement compte identifier et supprimer celles jugées « inutiles ». Cette démarche vise à optimiser l’efficacité de la dépense publique et à réorienter les ressources vers les priorités gouvernementales.
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