Depuis début 2023, le cacao flambe. À quelques jours de Pâques, les prix des œufs ont explosé : entre 5 à 10 % de hausse dans les boulangeries par rapport à l’année précédente et jusqu’à 15 % en rayon des grandes surfaces, d’après UFC que choisir.
Si les fabricants de chocolat ont acheté leur matière première il y a plusieurs mois au prix fort, les cours ont profité d’une relative accalmie ces dernières semaines : ils atteignent désormais un peu plus de 8 000 dollars la tonne à New York. C’est beaucoup moins que les 10 000 dollars la tonne dépassée dès le début 2024. Le cours pour livraison en septembre 2024 à Londres, avait, lui, enregistré une hausse de près de 170 % sur un an. Une détente permise par une baisse de la demande, notamment fin 2024, après justement cette explosion des prix.
Aléas climatiques
Mais la relative baisse des cours du cacao ne prédit pas que la fève va retrouver ses niveaux d’avant 2023. Les cours dépendant en grande partie de la production de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Et les deux pays, qui fournissent près de 70 % des fèves dans le monde, subissent depuis quelques années les effets du changement climatique. La flambée de 2024 est notamment due aux intempéries qui avaient perturbé les récoltes dans ces deux pays d’Afrique de l’Ouest l’année précédente, causant des maladies aux cultures.
«En 2023, l’Afrique de l’Ouest a subi des épisodes climatiques désastreux avec des pluies extrêmement importantes, une floraison mauvaise, une mauvaise pollinisation et une épidémie due à un champignon», note Christian Cilas, correspondant de la filière cacao au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
À cela s’ajoute le vieillissement des plantations quand les producteurs ne renouvellent pas leurs cacaoyers qui deviennent trop vieux, ou encore la dégradation des sols, complète par ailleurs l’ONG Max Havelaar France.
Nouvel épisode de sécheresse
Et justement, alors que les perspectives de production étaient relativement bonnes pour 2025, les producteurs de la Côte d’Ivoire s’inquiètent désormais de la sécheresse. Les précipitations ont été rares depuis le début du mois d’avril.
« On constate un nouvel épisode climatique, avec de la sécheresse, des floraisons perturbées et une production diminuée et retardée », confirme Christian Cilas. Pour ce dernier, la production « sera sûrement moins importante » même s’il est difficile encore d’estimer de combien. Dans certaines régions du pays, les agriculteurs estiment que la mi-récolte ne sera pas aussi longue et importante que 2024. L’organe de régulation ivoirien, le Conseil Café Cacao, table même sur une production inférieure à 1,7 million de tonnes cette année. Résultat : « les cours vont continuer à être à la hausse », estime l’expert.
Autres signes de tension : en début d’année, les stocks de cacao étaient bas. Le Financial Times révélait en février que dans les entrepôts européens, les stocks étaient composés de 21 000 tonnes de fèves, contre 100 000 un an plus tôt. De quoi pousser les cours à la hausse. Et si la demande a diminué ces dernières semaines, cela ne reflète pas la tendance de plus long terme. « La demande est toujours en progression et quand la production baisse comme ces dernières années, on touche aux stocks, c’est là que les cours montent par peur d’une pénurie », précise Christian Cilas.
Tout n’est pas encore perdu alors que la plus importante période de production se déroule en fin d’année. Celle de 2024 était d’ailleurs meilleure que l’année précédente. « Tout va dépendre comment le climat de cette deuxième partie d’année va se dérouler », précise Christian Cilas. « Ce qui est sûr, c’est qu’avant nous étions sur des cycles climatiques relativement régulier et maintenant le climat est complètement perturbé, les producteurs ont du mal à s’adapter », alerte cependant l’expert. Les cours du cacao n’ont pas fini de se montrer volatils…
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