Des franchisés de Carrefour veulent s’émanciper pour l’approvisionnement de leurs magasins. C’est ce qu’a annoncé dans un communiqué ce lundi 10 mars l’association des franchisés de Carrefour (AFC), qui a assigné le distributeur devant le tribunal de commerce de Rennes.
« Le manque de respect et d’écoute de Carrefour face au collectif de l’AFC, représentant aujourd’hui 260 magasins et plus de 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous a obligés, comme pour notre assignation, à réfléchir et à tracer notre propre chemin », a déclaré l’association dans un communiqué, confirmant des informations du spécialiste du secteur Olivier Dauvers et de Challenges.
« Non en opposition face à Carrefour, mais dans le seul but de pérenniser nos
entreprises. Dans la certitude de nous permettre une exploitation saine et sereine de
nos commerces, face à l’urgence d’équilibrer nos comptes d’exploitation face à la
conjoncture économique, et pour lequel notre franchiseur ne se soucie pas, ou trop peu », ajoute le communiqué, que La Tribune s’est procuré.
Revendiquant « un partenariat avec un distributeur pour l’apport de produits de marques nationales », l’association prévoit de « transférer 25 millions d’euros (d’achats) de marchandises » en 2025, 70 en 2026 et 200 en 2027. Le tout, « dans le respect le plus strict du cadre contractuel ».
Des dizaines de milliers d’euros par magasin
Certains franchisés critiquent de longue date le prix auquel Carrefour leur cède les produits qui sont commercialisés dans leurs magasins. L’AFC assure que le transfert de « 10 à 15 % » des achats générerait plusieurs dizaines de milliers d’euros de marges brutes supplémentaires par magasin.
La direction de Carrefour a assuré à l’AFP qu’il n’y avait « sur le principe aucun problème » pour un franchisé à s’approvisionner ailleurs, tant que « les engagements contractuels que chaque franchisé a signé » sont respectés.
La même source souligne que le distributeur « s’est engagé depuis plusieurs mois dans une démarche de baisses de prix qui touche tous ses formats sans toucher à la marge des franchisés » et que son réseau de franchise reste très attractif, « comme en atteste le ralliement récent et public de nombreux franchisés ».
Décision du tribunal de commerce le 5 juin
Pour rappel, l’AFC a saisi en 2024 le tribunal de commerce de Rennes au sujet de la relation des franchisés avec Carrefour, jugée trop déséquilibrée.
Elle est soutenue par le ministère de l’Économie, qui a préconisé à la justice de prononcer la nullité d’une dizaine de clauses inscrites dans les contrats passés avec Carrefour, et proposé une amende de 200 millions d’euros. Le parquet de Rennes a également l’« intention de soutenir les mêmes demandes ».
L’ensemble ne présume pas de la décision du tribunal de commerce, qui doit dans un premier temps se prononcer le 5 juin sur d’éventuels vices de forme, avant un éventuel examen du dossier sur le fond. Carrefour affiche sa « totale confiance » quant à la validité de ses contrats.
(Avec AFP)
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