Filialisés depuis 2019 sous la marque C-Logistics, les entrepôts de Cdiscount ont expédié 14 millions de colis l’an dernier et facturent également leurs prestations logistiques à des acteurs tiers, notamment dans le monde du luxe et de l’alimentation animale.
Une recette qui fonctionne puisque la filiale de Cdiscount, lui-même détenu par le groupe Casino, a généré 35,5 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, en hausse de 99 % sur un an.
L’enjeu des négociations salariales
Mais ce modèle se construit au détriment des conditions de travail affirment la CGT et la CFDT qui ont appelé à la grève les 500 salariés de C-Logistics ce lundi, en pleines négociations salariales annuelles ouvertes le 13 février dernier. Un mouvement suivi par quelques dizaines de salariés sur le site de Cestas, en Gironde, l’un des trois pôles logistiques avec Saint-Étienne et l’Île-de-France.
« Les propositions de la direction sur les NAO [négociations annuelles obligatoires, NDLR] sont le déclencheur de ce mouvement dans un contexte social dégradé depuis plusieurs mois avec beaucoup de départs et des équipes dont la santé est dans le rouge », déplore Rémi Dias-Veiga, agent logistique et délégué syndical CGT chez C-Logistics.
De son côté, la direction de Cdiscount assure que les effectifs sont stables tant chez Cdiscount (2 000 salariés) que sa filiale logistique (500). « Nous proposons jusqu’à 1,2 % de revalorisation salariale avec une attention particulière aux équipes de C-Logistics et après des revalorisations significatives en 2023 et 2024 dans un contexte économique pourtant contraint pour l’entreprise », précise la direction. Une nouvelle réunion est d’ores et déjà prévue le 13 mars.
La stratégie du groupe Casino questionnée
Mais au-delà de la question salariale, c’est une inquiétude de fond qui est exprimée par le représentant syndical alors que le groupe Casino est en pleine restructuration. Repris l’année dernière par Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds d’investissement Attestor, Casino a dû céder l’intégralité de ses hypermarchés et supermarchés au groupement Les Mousquetaires, Auchan Retail et Carrefour. Soit 277 magasins, pour une recette de 1,77 milliard d’euros. En 2024, le chiffre d’affaires s’affiche à 8,5 milliards d’euros pour le groupe Casino (-2,6 % en données comparables) et le résultat net à -295 millions d’euros. Le retour à la rentabilité est désormais envisagé dès 2026.
Pas de quoi rassurer dans les rayonnages des entrepôts de Cestas : « L’activité de Cdiscount est en forte baisse depuis la sortie du Covid. Il y a eu un plan de relance sur la communication, mais pour que cela fonctionne il faut injecter de l’argent et s’assurer que les salariés sont pleinement mobilisés », observe Rémi Dias-Veiga. « Ces conditions ne sont pas réunies, on ne nous prouve pas qu’il n’y a pas de projet de vente de Cdiscount. »
« Aucun projet de vente »
Une affirmation aussitôt démentie par la direction : « Il n’y a aucun projet de vente de Cdiscount ni de C-Logistics qui font pleinement partie de la nouvelle stratégie du groupe Casino. Ce dernier a mené des investissements significatifs pour financer la relance commerciale. »
En quête de rentabilité depuis de longues années, Cdiscount a mené un profond pivot stratégique depuis deux ans sous la houlette de son nouveau directeur général Thomas Métivier. Ce virage se traduit par une montée en puissance de la place de marché et des services BtoB, des activités jugées plus rentables. Mais cela pousse aussi à une réduction importante des ventes directes qui a fait plonger le chiffre d’affaires de l’entreprise à des niveaux jamais atteint depuis une dizaine d’années.
Sur le plan commercial, le champion français de l’e-commerce, qui appartient au groupe Casino, a lancé l’an dernier une vaste campagne de publicité multicanal autour d’une nouvelle identité visuelle et du slogan « défendre le pouvoir d’avoir le choix ».