Professeure émérite à l’INALCO et consultante du ministère de la Défense, l’historienne Catherine Durandin suit depuis plusieurs décennies l’évolution de la Roumanie et de la Moldavie. Elle apporte à « Marianne » son éclairage sur le phénomène Calin Georgescu, arrivé en tête de la présidentielle roumaine de novembre dernier, élection annulée entre les deux tours en raison de graves ingérences étrangères dans la campagne. Elle confie ses vives inquiétudes sur la suite des évènements et le risque pour toute la région.
Marianne : La commission électorale roumaine a annoncé, dimanche 9 mars, sa décision de ne pas valider la candidature de Calin Georgescu à la présidentielle de mai prochain, alors qu’il est à près de 40 % d’intentions de vote dans les sondages. Qu’en pensez-vous ?
Catherine Durandin : Pour comprendre cette décision de la commission électorale roumaine, il faut revenir sur le déroulement et les modalités de l’élection présidentielle du 24 novembre dernier, annulée par la Cour constitutionnelle. Outre les candidats de la coalition actuelle au pouvoir, trois autres ont suscité l’intérêt d’une opinion lassée par une routine dénuée de grands projets durant les deux mandats du président sortant Klaus Iohannis. Il y a d’abord Calin Georgescu, 62 ans, quasiment inconnu, indépendant, et d’extrême droite. Puis Elena-Valeria Lasconi, journaliste, maire de Câmpulung, militante anticorruption, et proeuropéenne. Et enfin George Simion, à la tête du parti de droite AUR, l’Alliance pour l’unité des Roumains, créé en 2019.