C’est une surprise passée inaperçue. Si les places européennes enregistrent de belles performances depuis le début de l’année, la Bourse polonaise surpasse ses consœurs. L’indice polonais, le WIG, a augmenté de 30 % depuis le 1er janvier, loin devant le Dax allemand (18 %) et le CAC 40 (6 %). Un résultat qui fait de l’indice polonais… le plus dynamique du monde.
Mi-avril, le WIG a même dépassé pour la toute première fois les 100 000 points. Un score plébiscité par le bureau du Premier ministre polonais, Donald Tusk. « Le marché boursier polonais enregistre des records. C’est le marché le plus fort du monde en 2025! », a-t-il écrit sur X. « Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais d’un signal clair de la force de notre économie ».
Des raisons financières
Plusieurs raisons expliquent cette vigueur. Pour Alexandre Baradez, analyste chez IG France, elle est d’abord liée à la structure de l’indice. « Le WIG est surpondéré en valeur financière bancaire, on est à 62 % de l’indice », argue-t-il. Une aubaine pour la place polonaise puisque les valeurs financières bancaires ont le vent en poupe depuis le début de l’année.
D’autres secteurs ont bénéficié à l’indice polonais. C’est le cas des « utilities », les services aux collectivités. « Ce secteur sert de refuge quand il y a de la volatilité sur les marchés » et les droits de douane de Trump ont justement créé de la nervosité.
Enfin, les actions cycliques, qui ont tendance à s’apprécier si l’économie du pays est en croissance, ont également bénéficié au WIG, selon l’expert.
Néanmoins, la performance de l’indice polonais reste à relativiser : « Il faut rappeler qu’il ne pèse que 500 milliards d’euros de capitalisation », précise Alexandre Baradez. À titre de comparaison, la capitalisation du CAC 40 est de plus de 2 500 milliards.
Une performance économique plus globale
Le record de l’indice polonais reflète les belles performances macroéconomiques du pays. La Pologne a été l’une des économies les plus résilientes lors de la pandémie de Covid 19. Rien qu’en 2024, le PIB a progressé de 2,9 % et son PIB par habitant a dépassé celui du Japon.
Par ailleurs, «le paysage politique polonais a pas mal changé ces dernières années, le profil du Premier ministre, Donald Tusk, plaît aux marchés. Il est vu comme quelqu’un avec une approche assez libérale, pro-croissance et en faveur de l’investissement »,ajoute Alexandre Baradez.
Le pays s’impose même comme un leader dans la dépense publique, après avoir annoncé en février un plan d’investissement massif de 155 milliards d’euros pour cette année. Outre des dépenses pour les chemins de fer et les infrastructures routières, une grande enveloppe sera consacrée à la sécurité, alors que le pays partage une frontière commune avec la Russie et l’Ukraine. Varsovie compte, avec ce plan, attirer les investisseurs. Des discussions ont déjà u lieu avec Google, Amazon, IBM ou encore Microsoft. Une revanche pour le pays qui se fixe comme objectif de dépasser ses confrères européens. « Encore récemment, ils nous considéraient avec dédain » avait lancé le Premier ministre polonais,
La Pologne a également bénéficié l’année dernière de 137 milliards d’euros de fonds communautaires de l’Union européenne. Une somme qui avait été gelée par Bruxelles, à la suite d’un différend sur l’Etat de droit avec l’ancien parti au pouvoir.
Une proximité avec l’Allemagne
Autre élément favorable à la Pologne : sa proximité avec l’Allemagne. Dès le lendemain de son investiture, le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, s’est rendu à Varsovie. Donald Tusk est le second dirigeant que Merz rencontre, juste après Emmanuel Macron. Un signal fort. Et l’annonce du géant plan d’investissement allemand, le fameux bazooka, éclaircit l’horizon polonais. « Le lien de dépendance est fort entre Varsovie et Berlin. Si le bazooka va faire du bien à l’Allemagne, les investisseurs anticipent aussi des retombées positives pour l’Europe et la Pologne », souligne l’expert des marchés financiers.
L’élection présidentielle de dimanche pourrait encore conforter la dynamique polonaise. Les nombreuses promesses de Donald Tusk sont aujourd’hui trop souvent bloquées par les vetos du président ultraconservateur Andrzej Duda. Une cohabitation difficile pour le Premier ministre, qui espère que son candidat, Rafal Trzaskowski, le maire de Varsovie, sera élu.
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