Une sortie de crise en Ukraine est-elle envisageable ? Alors que les combats se poursuivent, Paris intensifie ses efforts pour poser les bases d’un cessez-le-feu encadré. Emmanuel Macron s’exprimera cet après-midi devant « les chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités » et qu’il a conviés dans la capitale française. Cette réunion réunira des responsables militaires de 30 pays, membres de l’UE et/ou de l’OTAN, dont le Royaume-Uni et la Turquie. Selon l’état-major des Armées, elle se tiendra « en étroite coordination » avec le commandement militaire de l’OTAN, également impliqué dans cette initiative.
Cette rencontre intervient alors qu’une délégation ukrainienne retrouve des représentants américains en Arabie saoudite pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre trois ans après le début du conflit. Ces discussions à Djeddah marquent la première rencontre de ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite difficile de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche fin février.
Une trêve partielle comme premier pas
Afin d’avancer sur un éventuel accord, l’Ukraine arrive à Djeddah avec une proposition : une « trêve dans les airs » et « en mer » avec Moscou, a indiqué lundi à l’AFP un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat. « Ce sont des options de cessez-le-feu faciles à mettre en place et à surveiller. Il est possible de commencer par elles », a-t-il précisé.
L’idée d’envoyer des forces européennes en Ukraine gagne du terrain. Soutenue par Emmanuel Macron et le président turc Recep Tayyip Erdogan, elle est toutefois jugée « absolument inacceptable » par Moscou, qui y voit un risque de reprise du conflit. Paris et Londres jouent un rôle clé dans ces discussions. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, organisera samedi une réunion virtuelle avec les dirigeants des pays prêts à s’engager pour empêcher une escalade en Ukraine en cas de cessez-le-feu.
Avant toute décision, il reste à définir précisément les contours de cette éventuelle mission. Dans La Tribune Dimanche, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a précisé les pistes envisagées : « Troupes de paix à des fins d’observation, de réassurance ou de déconfliction… La réunion des chefs d’état-major mardi nourrira cette réflexion ».
Mercredi, le ministre français réunira ensuite ses homologues du groupe E5 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne), ainsi que des représentants de l’Union européenne et de l’OTAN. Le ministre ukrainien de la Défense interviendra en visioconférence. Les discussions porteront notamment sur l’aide militaire à Kiev, alors que les États-Unis ont suspendu une partie de leur soutien, et sur le « réarmement nécessaire de l’Europe et de nos pays respectifs », selon l’entourage de Lecornu. L’Union européenne a d’ores et déjà validé un plan visant à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros sur quatre ans pour renforcer ses capacités de défense et soutenir l’Ukraine.
Une attaque massive de drones ukrainiens a visé Moscou cette nuit
En France, où la situation budgétaire est tendue, le financement de la Défense devra être revu à la hausse. Sébastien Lecornu évoque un « horizon autour de 100 milliards d’euros par an », soit le double des 50,5 milliards prévus en 2025. Pour rallier les députés et sénateurs à cette hausse et les informer des négociations en cours, le ministre des Armées rencontrera jeudi les présidents des groupes parlementaires. Vendredi, Emmanuel Macron réunira également les industriels français de la défense, invités à intensifier leur production face à la demande croissante depuis le début du conflit en 2022.
Pendant que les tractations se multiplient, les combats continuent. Une attaque massive de drones ukrainiens a visé Moscou dans la nuit de lundi à mardi, selon le maire de la capitale russe, Sergueï Sobianine. « La défense antiaérienne du ministère de la Défense continue de repousser une attaque massive de drones ennemis visant Moscou », a-t-il déclaré sur Telegram. Cette attaque aurait fait selon les autorités russes un mort et trois blessés. Si l’Ukraine et la Russie envoient quotidiennement des dizaines de drones vers leurs territoires respectifs, la capitale russe est elle-même rarement touchée.
(Avec AFP)
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