Swift est au cours des discussions sur un cessez-le-feu en Ukraine. Alors que Kiev a annoncé qu’il allait mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu partiel, Moscou l’envisage à certaines conditions. Notamment une : être reconnecté à la messagerie interbancaire mondiale.
Le réseau de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, a vu le jour en 1977 en Belgique. Il permet aux plus de 11 000 acteurs financiers dans le monde de communiquer entre elles et de leur permettre de s’échanger des fonds. Elles utilisent pour cela les codes BIC qui sont référencés dans le réseau. Sans ce système, difficile donc d’envoyer de l’argent à une banque dans un autre pays. « Swift est donc considéré comme un “fournisseur de service critique ”, l’utilisation massive de ses services par les établissements financiers et les infrastructures de marché créant des interdépendances qui contribuent à son caractère “systémique” », affirme la Banque de France dans une note.
Une arme de l’Union européenne pour tordre le bras de la Russie
Fort de ce constat, peu après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe début 2022, l’Union européenne a décidé d’utiliser le levier financier pour faire pression sur Moscou. Les Vingt-Sept ont demandé à l’organisation gérant Swift de sortir sept banques russes du réseau pour les asphyxier et nuire à l’économie russe. Avec pour objectif de contraindre Vladimir Poutine à faire la paix.
Mais trois ans plus tard, force est de constater que cette arme financière a fait long feu. Si beaucoup d’échanges ont naturellement été suspendus dès l’annonce des sanctions, engendrant un effondrement du rouble et de la Bourse de Moscou en 2022, ses banques n’ont pas fait faillite. Pire, son PIB s’est affiché en hausse de 4,1 % en 2024, quand sur la même période la zone euro a affiché une maigre croissance de 0,7 %.
« La Russie était préparée à se séparer du dollar et s’émanciper de Swift », explique à La Tribune Christopher Dembik, économiste chez Pictet AM.
Les banques ne se sont pas retrouvées isolées, notamment car le Kremlin a développé sa propre alternative au réseau Swift, peu après l’invasion de la Crimée en 2014 : le System for Transfer of Financial Messages (SPFS). En utilisant ce réseau, mais aussi celui de Pékin, le China International Paiement System (CIPS), le pays a réussi à maintenir ses transactions financières avec d’autres pays et notamment avec son voisin de l’Est. Les importations et exportations combinées de la Russie et de la Chine ont atteint environ 240 milliards d’euros l’année passée, un niveau historique.
Moscou veut réintégrer le système financier mondial
Mais si les palliatifs à Swift ont limité la casse, ils freinent aujourd’hui le développement de la Russie.
« Swift permet de fluidifier des flux et donc important pour la finance russe, pour l’arrivée d’entreprises en Russie qui utilisent le système Swift et qui pourraient être freinée par cette interdiction », note Christopher Dembik.
Les sanctions occidentales ont aussi rendu la Russie fortement dépendante à Pékin et au yuan pour ses échanges internationaux. « La réintégration dans Swift permettrait à l’économie russe de diminuer sa dépendance à l’égard de la Chine et d’être plus robuste et équilibrée », ajoute l’économiste.
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Maxime Heuze