Dans la foulée des annonces et contre-annonces, déstabilisantes, il y a celles qui font du bien au moral des entrepreneurs. En l’occurrence, le taux de réservations aériennes pour la période d’avril à septembre s’établit à +23%, sur une destination bien précise, celle qui emmène les visiteurs des États-Unis vers la Côte d’Azur.
Une donnée qui conforte l’appétence pour la French Riviera, les États-Unis représentant depuis de nombreuses années, le premier marché de la destination. La crise sanitaire n’a d’ailleurs fait que renforcer l’attractivité de ce bout de France. En 2023, le tourisme américain concentrait ainsi 1 million de nuitées alors qu’en 2024, il représentait 12% de parts de marché des clientèles internationales, progressant déjà de 23%.
Marché prioritaire
A Cannes, le Palais des Festivals et des Congrès rappelle que les États-Unis sont également le premier marché aussi bien pour le segment BtoB, celui de congrès, que le segment BtoC, celui de loisirs. Une première place qui se confirme également sur le Marché du Film, cette partie moins visible mais pourtant ultra-stratégique car c’est là que se discutent les achats et partenariats du Festival du Film. Et autant dire que l’annonce de la venue de Robert de Niro et Tom Cruise sur la Croisette, le premier pour recevoir une Palme d’honneur et le second pour présenter le dernier opus de « Mission Impossible » agissent également comme autant d’aiguillons.
« La conjoncture économique favorise les clients américains », ajoute Bruno Desloques, le directeur de la SEMEC, la société d’économie mixte qui gère le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes.
Le touriste américain est, d’ailleurs, un fort contributeur à l’économie régionale, avec un budget moyen de 1 870 euros, prêt à dépenser plus de 134 euros pour un déjeuner, provoquant des retombées économiques directes estimées à près d’un million d’euros quand un touriste français dispose d’un budget moyen de 768 euros et de 61,3 euros pour un déjeuner.
Stratégies d’attractivité conjointes
Autant dire que les États-Unis figurent en bonne place dans les stratégies d’attractivité. Le Comité régional du tourisme Sud (CRT) a par exemple conduit un roadshow en janvier dernier qui l’a mené à Seattle, Phœnix et Austin. L’année précédente, c’était Philadelphie, Washington et Raleigh. Depuis 2024, un partenariat lie la Région Sud à l’État de l’Utah, avec comme axes de collaboration le développement touristique et l’innovation technologique.
« Toutes ces initiatives s’inscrivent dans notre stratégie de désaisonnalisation, visant à attirer les touristes tout au long de l’année. Elle sert également à promouvoir une image moderne et innovante de notre destination. Elles s’inscrivent aussi dans notre stratégie de développement d’un tourisme durable », explique François de Canson, le président du CRT.
A Cannes, le sponsoring du Bastille Day, à New York fait aussi partie de la stratégie d’attractivité autant pour le tourisme de loisirs que le tourisme d’affaires.
« Le touriste américain aime la Côte d’Azur car il y retrouve un air de Californie avec une dose de French Touch », analyse, pour sa part, Franck Goldnadel, le président du directoire des Aéroports de la Côte d’Azur qui comprend Nice, Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez. L’Aéroport Nice Côte d’Azur qui constitue un maillon essentiel dans cette attractivité. Car au-départ de la cinquième ville de France, pas moins de 5 liaisons quotidiennes sont opérées par les compagnies aériennes. En 2024, trois lignes ont même été ouvertes vers Atlanta, Philadelphie et Washington.
Les investissements payants de l’hôtellerie
Autre maillon qui compte, l’offre hôtelière a connu une montée en gamme en quelques années, soutenue par des investissements conséquents à l’image de l’Anantara Plaza qui a injecté 60 millions d’euros pour sa première adresse à Nice quand l’ancien Couvent de la Visitation, niché au cœur de la capitale azuréenne, a consacré 50 millions d’euros pour devenir un établissement de luxe. L’annonce de la hausse des droits de douane n’a, pour l’instant, pas douché les enthousiasmes, avance Christine Welter, présidente de l’UMIH Cannes où les enseignes américains Hilton, Hyatt et Intercontinental sont implantées de longue date.
« Reste à savoir quelle attitude ces touristes habitués de la Côte d’Azur – qui sont plutôt des entrepreneurs ou des investisseurs – vont adopter face aux conséquences des annonces de Donald Trump sur l’économie américaine. Vont-ils choisir de rester aux Etats-Unis pour piloter leur portefeuille boursier si une crise se profile ou vont-ils, au contraire, opter pour un séjour dans le Sud et profiter d’une sorte de bulle de repos », interroge-t-elle.
Nul doute que l’annonce de la suspension de la hausse des droits de douane devrait avoir un effet positif sur le comportement des touristes américains. Pour le plus grand bonheur de l’économie tricolore.