Les premières rencontres de la Coupe du monde des clubs ont permis d’établir un premier constat: l’affluence dans les stades américains est très variable, mais surtout, une partie du public ne rejoint son siège qu’après le coup d’envoi. Et les spectateurs circulent en permanence dans les allées. Une habitude culturelle.
Quand Vitinha, dimanche à la mi-journée (12h, heure locale) donne le coup d’envoi du match PSG-Atletico de Madrid, au Rose Bowl Stadium de Pasadena en Californie, difficile d’imaginer que, comme annoncé, 80.000 personnes ont pris leur billet pour la rencontre. Les tribunes sont alors très clairsemées, le stade à moitié plein et l’impression visuelle est très moyenne… “Ce stade est particulier pour les bouchons”, commence par expliquer Jérôme Meary, agent et consultant européen pour la MLS. “Généralement il n’y a pas ces problèmes, les Américains sont très forts sur la logistique, mais le Rose Bowl est connu pour ça.”
Une fois ce constat fait, propre au Rose Bowl, l’image reste récurrente: les matchs de la Coupe du monde des clubs 2025 commencent souvent dans des stades peu remplis. “Les gens commencent à s’installer au stade vers la 20e minute”, explique Maxime Chanot, défenseur au Los Angeles FC. “Quand tu as les hymnes, le stade n’est pas rempli mais quand tu reviens et que tu fais une photo vingt minutes plus tard, tu as 30 ou 40% de personnes en plus. Ces gens-là sont encore dans les couloirs quand le match commence.” Mais que font-ils alors?
Hotdogs, pizzas et bière
“L’Américain ne vient pas que pour regarder le match”, ajoute Chanot. “Comme au basket ou au baseball, il vient pour passer un bon moment, qui prend en considération la nourriture, la boisson, la discussion avec les amis…” Quitte donc, parfois, à manquer le coup d’envoi de la partie pour profiter des à-côtés.
“Ils ne viennent pas forcément pour la performance sportive mais pour tout le show qu’il y a autour”, abonde Jérôme Meary.
D’où le fait, aussi, que les gens en tribunes bougent continuellement, pendant les 90 minutes. Au Rose Bowl, des spectateurs se déplaçaient en permanence dans les allées, partaient, revenaient, alors que Vitinha et ses coéquipiers étaient en train de jouer. “Les gens qui bougent de leur siège, c’est vachement culturel”, sourit Jérôme Meary. “C’est lié au foot américain, au baseball, au basket, où les gens bougent tout le temps et consomment dans le stade. Ils sont extrêmement consommateurs, quand ils vont au stade ils vont voir un show, j’ai toujours parlé du show business, c’est là où ils sont très forts. Ils ne veulent pas louper le show de la mi-temps, mais ils sont capables de sortir en plein milieu du match pour aller prendre leur burger, leur hotdog et leur bière. Ça permet d’activer pleins de choses dans les stades avant, à la mi-temps et après les matchs.” “L’Américain vient pour le spectacle qu’il y a autour, c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’animations”, confirme Maxime Chanot. Les joueurs rentrent d’ailleurs un par un sur la pelouse, façon NBA.
Comme au basket ou au baseball
Le public reproduit en fait le comportement adopté dans les autres disciplines stars du pays (basketball, football américain, baseball), où les rencontres peuvent durer plus de deux heures, avec beaucoup de pauses parfois. Ils sont donc habitués à bouger de leur siège, match en cours ou pas. “Quand je jouais au Yankee Stadium (à New York), il y avait des tablettes entre les sièges pour poser les pizzas et les hotdogs”, illustre Maxime Chanot. “Et les gens ne s’asseyaient pas pour regarder le match mais s’installaient de côté, pour pouvoir manger et discuter avec la personne. Les gens sont là pour passer un bon moment.” De l’entertainment, donc.
L’idée est de voir du spectacle avec des animations, du sport et se restaurer. Et l’ordre des priorités est inversé par rapport à notre culture. “Nous, on est très axé sur la performance sportive mais pour eux, il y a tout le show qui va avec. C’est pour ça que des fois, leur équipe perd mais ils sont contents d’être allés au stade parce qu’ils ont eu toute l’expérience avec”, détaille Jérôme Meary. “Alors qu’en France, quand notre équipe perd, on est dégoûtés. Il y a moins d’attachement à la performance sportive pure.” De quoi gêner les acteurs du jeu? “Ce n’est pas perturbant, ça ne nous marque pas trop, on est sur le terrain”, relativise Maxime Chanot. “Le vrai indice pour savoir comment les stades sont remplis c’est de regarder vers la 30e minute, quand les gens sont entrés. Et c’est la même chose après la seconde période.”