MARION MEZADORIAN (5⭐/5)
Avec ce deuxième spectacle, Marion Mezadorian impose sa singularité dans l’univers saturé de l’humour. Loin du stand-up et des vannes interchangeables, la comédienne tape dans le registre du sketch « à l’ancienne ». Ses personnages ont pour point commun de craquer à force d’avaler trop de couleuvres.
C’est une mère de famille harassée par la surcharge mentale, une prof venue quémander un arrêt maladie à son médecin, une jeune femme qui, un soir de Noël, révèle les violences sexuelles imposées par son père… Sans tomber dans la caricature, Marion Mezadorian capte ce moment de bascule salutaire quand la cocotte-minute explose pour libérer une parole trop longtemps censurée.
ℹ️ Craquage, au Studio des Champs-Élysées (Paris 8e) le samedi 14 et le vendredi 20 juin à 19 heures. En tournée dans toute la France.
ROSA BURSZTEIN (4⭐/5)
Après son « tour du monde de [s]es 80 connards », Rosa Bursztein a enfin trouvé l’amour. Elle le clame sur scène, vêtue d’une longue robe à fleurs témoignant de sa mue de femme de 35 ans. Que l’on se rassure, l’humoriste ne s’est pas encore assagie. Elle raconte avec gourmandise comment elle est devenue « la personne toxique » de son couple ; disserte sur ses contradictions de « mauvaise féministe hétéro » ou vante l’art du cunnilingus… Rosa Bursztein se raconte avec un sens de l’autodérision réjouissant.
ℹ️ Dédoublée, au Théâtre de la Renaissance (Paris 10e) le 16 juin à 21 heures. Et en tournée dans toute la France.
UMUT KÖKER (4⭐/5)
À 33 ans, ce grand gaillard au regard ténébreux et à la barbe fournie n’a pas la gueule de l’emploi. « J’ai cette tête-là et je fais de l’humour… j’ai des doutes en matière de marketing », balance Umut Köker en préambule de son premier spectacle, Paradoxe (coécrit avec Waly Dia). Évidemment, il n’est pas un paradoxe près : turc et kurde à la fois, enfant d’une cité HLM et diplômé bac+5, dégaine de colosse tour à tour inquiétante et rassurante…
La liste est longue des contradictions (apparentes) dont il se joue pour dynamiter les préjugés liés à son faciès comme les clichés sur la Turquie. « Je suis le premier humoriste turc à parler de mes origines, les autres n’osent pas », lâche sur scène Umut, qui pointe également certains particularismes culturels. Le tout balancé avec un flegme à toute épreuve et un sens de l’ironie qui fait mouche.
ℹ️ Paradoxe, au Métropole (Paris 2e) le 5 juin à 20 h 10. Au Festival d’Avignon off du 6 au 26 juillet (jours pairs).
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Eric Mandel