Alors que disparaissent les derniers représentants d’une génération qui se tenait encore (les bambins nés avant la guerre de 39-45), ceux que l’on appelle, avec une mielleuse affection, « nos anciens » forment un énorme bataillon démographique au comportement… problématique.
Né entre 1947 et 1965, petit chéri des Trente Glorieuses, toutes de croissance et d’optimisme (on croyait alors au progrès), on ne présente plus le Fatal Boomer. Cet enfant gâté a grandi dans l’insouciance, rejetant les valeurs rasoir de la génération précédente (le sabre et le goupillon), tout en profitant d’une instruction encore de bon niveau, qu’il renia pourtant sans vergogne. Avec ses jeans et ses cannes fluettes, il a surfé sur la vague du néocapitalisme libertaire et s’en est payé de bonnes tranches. Jouir sans entraves était son absolu. En tant que « jeune », c’était l’idole de son temps. Rebelle, beau, sexy. Quasi d’essence supérieure.
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Il n’est qu’à voir, dans les archives de l’INA, l’ahurissante morgue des « nouveaux philosophes » faisant la leçon à des petits vieux rabougris bardés de décence et de compétence. C’est ce profiteur, ce gros melon, ce despotique sans foi, ni loi ni… envergure (aucun génie littéraire né après 1945), qui écrase aujourd’hui la pyramide des âges et plombe les comptes sociaux de la Nation. Déplumé, tout gris, affublé d’un méchant bidon ou d’une « ligne ménopause » peu gracieuse, la voix éraillée par l’abus de picole, de tabac et de cannabis, c’est en quelque sorte un ange déchu. D’où son désarroi, ses errances, ses défaillances…