La médiation entre la LFP et DAZN doit prendre fin ce lundi soir. Ce mardi, les conclusions et propositions issues de cette médiation doivent être présentées aux clubs réunis en collège puis un Conseil d’administration devra valider l’option retenue pour l’avenir. Une chose semble claire pour le principal diffuseur: soit les conditions du contrat changent radicalement pour prolonger la collaboration, soit c’est la séparation dès la fin de saison.
Sortir de l’impasse. Voilà la mission des dirigeants du foot français lors de cette journée de mardi, décisive pour l’avenir financier des clubs. Au terme d’une médiation d’un mois et demi après l’assignation de la Ligue par DAZN devant le Tribunal des activités économiques pour réclamer 573 millions d’euros pour “manquement observé” et “tromperie sur la marchandise”, aucun accord n’a été trouvé et les positions restent bien éloignées.
Afin d’éviter le prolongement judiciaire et le durcissement du dossier, DAZN propose de remettre à plat tout le contrat signé en juillet dernier, quelques semaines avant le début du championnat. Le diffuseur, qui en a marre de perdre autant d’argent (près de 240 millions d’euros), réclame une révolution à la Ligue et aux clubs.
Une part variable et un partage des revenus avec la Ligue proposé par DAZN
Selon nos informations, le diffuseur souhaiterait d’abord récupérer tous les matchs. Donc que beIN Sports abandonne son affiche diffusée le samedi à 17 heures. Par principe, les dirigeants de la chaîne qatarie ne sont fermés à rien mais ils ont la réputation d’honorer leur engagement et de respecter les contrats signés.
Sur la base de diffuser les neuf matchs par journée, DAZN s’engage à verser une somme fixe comprise entre 200 et 250 millions d’euros par saison sur un engagement de cinq ans (jusqu’en 2029). À cela s’ajouterait une part variable comprise entre 150 et 200 millions en fonction de plusieurs critères d’amélioration du produit et d’ouverture des clubs aux équipes de DAZN afin de proposer des contenus beaucoup plus Premium qu’aujourd’hui.
Dans sa proposition de nouvel accord de long terme, DAZN suggère aussi à la Ligue un partage de valeur sur la partie variable. L’objectif étant de créer un alignement d’intérêts communs où tout le monde gagne. Selon une source proche du diffuseur, il serait assez aisé d’atteindre les 400 millions d’euros annuels avec cette proposition.
Grosse inquiétude financière si aucun accord sur un nouveau contrat
Mais depuis que DAZN n’a pas payé en temps et en heure sa dernière échéance de février (la moitié avait été mise sous séquestre pour mettre la pression sur la Ligue), la confiance semble rompue entre la plupart des présidents et le diffuseur qui a été froissé par le dénigrement des présidents à son égard, révélé par le contenu des échanges du dernier collège de Ligue 1 du 14 février.
Beaucoup de patrons de clubs souhaiteraient tourner la page DAZN. Problème: une séparation se conclurait avec un accord financier. Et là, ça semble coincer. DAZN serait prêt à honorer ses deux dernières échéances d’avril et juin pour environ 140 millions d’euros puis à signer une rupture de contrat. Mais la Ligue souhaiterait en plus une indemnité importante. Une première proposition de 200 millions a été émise par la Ligue qui aurait fait tousser le diffuseur. Selon nos informations, DAZN ne serait pas contre payer une indemnité, mais pas d’un tel montant.
Si jamais aucun accord n’est trouvé, avec une position ferme de la Ligue attendant que le contrat signé soit respecté et exécuté, la situation pourrait clairement se tendre. Le paiement de la prochaine échéance prévu le 30 avril deviendrait très incertain, à l’image de ce qu’il s’est passé en février.
Si DAZN ne versait pas le montant dû, la Ligue devrait alors puiser, à nouveau, dans son fond de réserve pour assurer le versement aux clubs à très court terme. Et dans un deuxième temps, elle serait contrainte d’activer la garantie de l’actionnaire, sans aucune visibilité sur les délais de résultat d’une telle procédure. Dans ce scénario sombre, la trésorerie de beaucoup de clubs serait alors en grand danger dans les toutes prochaines semaines.
Plusieurs clubs réclament une répartition des droits TV plus égalitaire
Afin de prendre la décision, les clubs se réuniront d’abord en collège. À 14 heures pour la Ligue 1, à 15 heures pour la Ligue 2. Le Conseil d’administration, organe souverain de la LFP, se réunira ensuite à 16 heures pour valider le choix retenu. Que vont préférer les clubs? La dernière tendance pencherait plutôt en faveur d’une séparation avec DAZN mais, ces dernières heures, plusieurs clubs parmi ceux avec les plus petits budgets aimeraient approfondir la proposition long terme de DAZN. Mais en mettant aussi sur la table un aspect pas directement discuté dans la médiation: la répartition des droits TV entre les clubs.
Les plus petits d’entre eux aimeraient rééquilibrer cette répartition pour la rendre plus égalitaire. Cette répartition est aujourd’hui plus favorable aux clubs européens, dans une volonté de créer des locomotives capables de performer en Coupe d’Europe et donc de booster les revenus internationaux. Mais vu le contexte économique, plusieurs clubs poussent pour revoir ce point. La Ligue, de son côté, ne souhaite pas ouvrir ce dossier qu’elle ne juge pas directement lié à l’urgence du moment et à la décision à prendre vis-à-vis de DAZN. Les réunions de ce mardi 15 avril promettent donc d’être animées et de nourrir cet éternel feuilleton des droits TV du foot français.