L’avion présidentiel de Donald Trump s’est posé mardi à Riyad, inaugurant une tournée de quatre jours dans le Golfe. Après l’Arabie saoudite, direction le Qatar mercredi, puis les Émirats arabes unis. À ses côtés, un casting de poids lourds de l’économie américaine : Elon Musk (Tesla, SpaceX, X), Mark Zuckerberg (Meta), Larry Fink (BlackRock), Sam Altman (OpenAI) et Kelly Ortberg (Boeing).
Le président Trump et sa délégation espèrent la signature de contrats colossaux avec les pétromonarchies du Golfe. Près de 600 milliards de dollars ont été annoncés par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en janvier. Mais Trump voit plus grand : il espère signer à Riyad près de 1 000 milliards de dollars d’investissement, en échange d’un accord stratégique pour développer le nucléaire civil en Arabie saoudite.
Argent et affaires sont donc la toile de fond de ce voyage présidentiel. Au profit de qui ? Le voyage de Donald Trump coïncide avec l’expansion de la Trump Organization dans les pays du Golfe, brouillant un peu plus la frontière entre les intérêts privés de la famille Trump et la politique étrangère américaine.
De père en fils, la Trump Organization tisse sa toile immobilière dans le Golfe
Le voyage de Donald Trump suit fidèlement les pas de ses deux fils aînés, Donald Junior (47 ans) et Eric (41 ans), qui dirigent la Trump Organization, un conglomérat actif dans l’immobilier, l’hôtellerie et le tourisme. Officiellement, Trump-père ne gère rien au sein de la Trump Organization, mais il conserve le contrôle de la fiducie qui détient les actifs de la société, et reste une figure clé dans cet empire construit à son image.
Fin avril, Eric Trump, vice-président de la Trump Organization, s’est rendu au Qatar et aux Émirats arabes unis pour superviser des accords immobiliers. Ces derniers jours, l’entreprise a annoncé de nouveaux projets, dont un hôtel à Dubaï dévoilé le 30 avril, et un parcours de golf près de Doha, la capitale du Qatar. Selon le Washington Post, ces projets sont réalisés en partenariat avec DarGlobal, une société immobilière impliquée dans plusieurs développements en Arabie saoudite, et Qatari Diar, une autorité immobilière liée au gouvernement qatari.
La Trump Organization, dans le cadre de son « plan éthique », s’était engagée fin février à ne pas conclure de nouveaux accords avec des gouvernements étrangers pendant la présidence de Donald Trump. Les entreprises du golfe concernées par les contrats immobiliers avec la Trump Organization ont donc immédiatement clarifié les frontières. La société Qatari Diar aurait signé un accord avec DarGlobal, et non avec la Trump Organization, pour développer le « Trump International Golf Club Simaisma », un parcours de golf et des villas de luxe, dans le cadre du projet côtier de la ville de Simaisma, situé à 40 kilomètres au nord de Doha.
Faire fructifier le business de cryptomonnaies
Au-delà de l’immobilier, les fils de Donald Trump se sont rendus dans les pays du Golfe pour développer leur business dans les cryptomonnaies. Ils ont ainsi lancé en septembre 2024 la société World Liberty Financial, aux côtés d’Alex Witkoff, fils de Steve Witkoff, l’envoyé diplomatique de Trump.
Sans surprise, les deux fils Trump et le fils Witkoff étaient présents au grand gala des cryptomonnaies organisé à Dubaï les 30 avril et 1er mai, un événement qui a attiré près de 15 000 passionnés. Lors de ce sommet, Le Monde révèle qu’un fonds souverain des Émirats arabes unis, le fonds MGX, s’apprête à investir 2 milliards de dollars dans Binance, la plateforme mondiale de cryptomonnaies. Et ce, en utilisant un « stablecoin », une cryptomonnaie adossée à une autre monnaie fiduciaire ou à un produit négocié en bourse, gérée par World Liberty Financial, la société de cryptomonnaie pilotée par les Trump.
Invitée à réagir, vendredi 9 mai, à l’éventualité que les entreprises de la famille Trump tirent profit de ce voyage dans les pays du Golfe, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a aussitôt répliqué : « Il est franchement ridicule que quelqu’un puisse suggérer que le président Trump agit pour son propre bénéfice. Il a quitté une vie de luxe et la direction d’un empire immobilier très prospère pour servir le pays. ». Elle a ajouté : « C’est un président qui a en réalité perdu de l’argent en étant président des États-Unis». Chacun se fera son opinion.
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Valentine Roux