La gauche a été quasiment unanime à prendre le parti des juges et de l’État de droit après la décision d’inéligibilité qui a frappé Marine Le Pen, le 31 mars dernier. Une posture opportuniste, mais aussi le signe d’une évolution idéologique majeure.
L’histoire nous a appris que la gauche pouvait changer de visage, embrasser de nouvelles causes et délaisser de vieux combats. Après l’abandon de la nation et de la laïcité, voici venir une nouvelle mutation idéologique, plus subtile, mais pas moins significative : dans le débat sur le « gouvernement des juges » qui installe l’affrontement entre la souveraineté du peuple et l’État de droit, la quasi-intégralité de la gauche prend outrancièrement parti pour le second.
Le jugement controversé qui empêche pour l’heure Marine Le Pen de se présenter à l’élection présidentielle de 2027 en a fourni un exemple saisissant : hormis la France insoumise, tout ce que la gauche compte de responsables politiques, d’intellectuels et de journalistes est sorti du bois pour défendre l’infaillibilité de juges, érigés en demi-dieux de la démocratie libérale.