« On avait raison ! », claironnent les Français depuis le début de la séquence de désengagement américain en Europe. Mais, si la France revendique son leadership naturel, les Européens ont toujours le comportement hexagonal en travers de la gorge. Entre vision autocentrée et incapacité à faire des compromis.
Il y a les clichés un peu farfelus sur les Français – on serait paresseux, impolis, malodorants… – et les constats, aussi peu flatteurs, mais malheureusement entretenus par le réel, notamment sur les questions de défense européenne. Incapacité à se mettre à la place des autres ou à comprendre que leurs ambitions sont différentes des nôtres. Alors, comment les autres nous voient-ils, et pourquoi ce portrait nuit à nos ambitions.
Cocorico ?
Comment ne pas être un peu fiers, plaideront les chantres de la vision gaullienne triomphante ? La période s’y prête, et l’analyse internationale aussi. Aux États-Unis, le New York Times titre « De Gaulle se relève alors que la France se détourne de l’Amérique de Trump », et nos voisins de la BBC vantent également notre vision d’autonomie nucléaire par un « finalement, Charles de Gaulle avait raison ». Mais dans le reste de l’Europe, la petite musique triomphaliste agace. « C’est le côté donneur de leçons qui ressort vraiment. On aime bien présenter un projet à nos alliés en disant que s’ils ne l’acceptent pas, ils sont vraiment bêtes », admet volontiers Renaud Bellais, codirecteur de l’Observatoire de la défense à la fondation Jean Jaurès.