La France, pour la première fois, accueille une (toute petite) partie de l’immense collection de toiles appartenant à David Nahmad, richissime galeriste de 78 ans ayant fait fortune à New York et établi à Monaco. Le musée des impressionnismes, non loin de Paris, à Giverny, l’a convaincu de lui prêter 57 pépites issues de son coffre à trésors. Passage en revue de quelques-unes de ces beautés.
Pour attirer les touristes et remplir les caisses des musées, mieux vaut exposer Camille Pissarro que Nicolas Poussin, Alfred Sisley que Louis Le Nain, Auguste Renoir que Georges de la Tour. Nous baignons dans l’impressionnisme depuis l’enfance et nos premières rencontres avec l’art, mais étrangement, sans vraiment oser questionner l’intérêt de cette peinture. Or, ce qui pouvait choquer en 1874, sous le pinceau de ces hippies de l’époque, avides de plein air et de corps féminins libérés, est devenu aujourd’hui le summum du kitsch… une peinture pour mémés ?
À soixante kilomètres de Paris, il existe toutefois un lieu étonnant où les champs de coquelicots excitent encore nos petites cellules grises : le musée des impressionnismes fondé en 2009, à Giverny (dans l’Eure). Le mot « des » est ici capital car, dans l’esprit de son directeur, Cyrille Sciama, l’impressionnisme est un fleuve qui, par la liberté de son regard, a engendré de nombreuses rivières, des Nabis et des Fauves à Kandinsky et Rothko.