L’étau se resserre autour de Pete Hegseth, le secrétaire américain à la Défense. L’ancien présentateur de la chaîne conservatrice Fox News, nommé par Donald Trump, enchaîne les scandales au sein de son ministère, entre fuites d’information, menaces et départs à la chaîne.
Parmi les derniers coups d’éclat : une information selon laquelle une réunion était prévue en mars dernier avec Elon Musk pour lui partager des informations classifiées sur la Chine. Un projet qui aurait irrité Donald Trump au regard du conflit d’intérêts engendré par une telle réunion, le patron de Tesla ayant des liens commerciaux avec Pékin.
Cette fuite a entraîné une véritable chasse aux sorcières en interne. « Je vais vous faire passer au détecteur de mensonges ! », aurait notamment menacé Pete Hegseth au président par intérim de l’état-major interarmées, Christopher Grady, rapporte le Wall Street Journal.
Si Christopher Grady a réussi à échapper au polygraphe, le secrétaire à la Défense aurait ensuite menacé le lieutenant général Doug Sims, directeur de l’état-major interarmées, de passer également au détecteur.
Fuites en cascade
Les déboires de Pete Hegseth ont commencé il y a un mois. Il partage alors sur l’application Signal des informations confidentielles à propos d’une frappe américaine au Yémen, sur les rebelles houthis, qui a lieu le 15 mars. Dans cette conversation crée par Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale, figure également le vice-président JD Vance et un invité ajouté par mégarde : le rédacteur en chef du journal The Atlantic. Ce dernier révèle une dizaine de jours plus tard les conversations échangées. De quoi interroger sur les mesures de sécurités prises par les hauts fonctionnaires. Pete Hegseth fait ainsi l’objet d’une enquête de l’inspecteur général du Pentagone.
Depuis ce premier coup d’éclat, les fuites n’en finissent plus. L’agence de presse Associated Press révèle cette semaine que le secrétaire américain à la Défense disposerait d’une connexion Internet non sécurisée afin de contourner les protocoles de sécurité, lui permettant d’utiliser Signal. Fin de semaine dernière, c’est le New York Times qui dévoile que Pete Hegseth a créé une deuxième conversation sur Signal, sur laquelle il a partagé des informations sur les frappes au Yémen avec des collaborateurs mais aussi des proches comme son avocat personnel, son frère et même sa femme. Cette dernière aurait également assisté à des réunions entre son conjoint et des homologues militaires étrangers où des informations sensibles auraient été échangées.
Des responsables américains ont aussi soufflé à la chaîne NBC que la Maison-Blanche aurait demandé des plans à l’armée américaine pour augmenter les troupes américaines au Panama. Et la liste continue.
Départs à la chaîne
Des bévues de moins en moins pardonnables pour le ministère qui dispose du budget militaire le plus important dans le monde : plus de 800 milliards de dollars. Et qui entraînent de nombreux départs. Le chef du cabinet du ministère de la Défense, Joe Kasper, va quitter son poste, a confié un haut responsable ce jeudi.
La semaine dernière, trois hauts fonctionnaires ont également été renvoyés après l’ouverture d’une enquête en interne sur des fuites : Darin Selnick, Dan Caldwell et Colin Carroll. Dans un communiqué, ils ont argué qu’ils ne connaissent toujours pas « la raison exacte » de leur départ et se demandent « s’il y a eu une véritable enquête sur les “fuites”». « Hegseth préside désormais une purge étrange et déconcertante », dénonce John Ullyot, ex-porte-parole du Pentagone au début du mandat de Pete Hegseth, dans une tribune publiée sur Politico.
De son côté, Donald Trump continue, pour le moment, à ne pas tarir d’éloge au sujet de son protégé. Il « fait un travail formidable » a-t-il encore répété lundi à la Maison-Blanche. Il a également rejeté la responsabilité des fuites sur des « employés mécontents ». Mais jusqu’à quand le président américain pourra-t-il le soutenir ? D’après le Wall Street Journal, le président aurait commencer à poser des questions autour de lui sur la performance de son secrétaire à la Défense, et ses conseillers scruteraient avec attention les apparitions de Pete Hegseth dans les médias.
« Malheureusement, après un mois désastreux, le Pentagone ne se concentre plus sur la guerre, mais sur un drame sans fin », argue dans sa tribune John Ullyot. « Cela fait un mois que le Pentagone est plongé dans un chaos total ». Ambiance.
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