Drames dans les déserts médicaux : “Le temps de voir un médecin, soit vous êtes mort, soit guéris”

Marianne - News

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« Le temps que vous voyiez un médecin, soit vous êtes mort, soit vous êtes guéri. » « Marianne » a recueilli des dizaines de témoignages de patients qui racontent des parcours chaotiques conduisant à de graves complications. Pour documenter cette inégalité d’accès aux soins, les données, encore partielles, émergent et dessinent la carte de la fracture sanitaire française.

Lorsqu’on lui a découvert un cancer au poumon, Mireille, 70 ans, n’a pas bronché. Elle dit qu’on l’a « orientée à Montpellier » comme une lycéenne parlerait de ses choix Parcoursup. Chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie, elle a « tout fait ». Le cancer a reculé, mais un jour les médecins ont tout arrêté. « Je commençais à développer une réaction allergique, un gros psoriasis », raconte cette habitante d’une petite commune du Gard. Les petites plaques rouges deviennent grandes, Mireille se gratte. Le psoriasis ronge ses jambes ; la douleur, son esprit. Impossible de consulter un dermatologue dans sa ville, il n’y en a pas. « J’ai fait le tour de toutes les communes alentour, c’était au moins huit mois d’attente. » Mireille erre de cabinet en cabinet. Les médecins généralistes prennent des photos, prescrivent de la cortisone et l’adressent à des dermatologues « ceux de la grande ville ». Mireille appelle : chaque tentative se heurte au barrage du secrétariat. « Ils me disaient qu’ils ne prenaient que les urgences. » Elle bredouille que ça y ressemble, en vain. « Je suis même allée voir un guérisseur… Il a essayé un truc mais il a été honnête, il m’a dit qu’il fallait voir un médecin. »

« Le nomadisme médical, l’enfer »

À ses proches, Mireille dit parfois en rigolant qu’elle va peut-être perdre sa jambe. L’infirmière à domicile qui vient la soulager ne rit pas du tout. « Elle leur a téléphoné. Je ne sais pas trop de quoi elle les a menacés, mais un jour j’ai enfin eu un rendez-vous au service dermatologie du CHU de Montpellier. » C’était le 29 août, Mireille s’en souvient, elle sera hospitalisée le lendemain. Dix jours de soins intensifs. Les tissus sont nécrosés. La septuagénaire, qui en garde des séquelles deux ans plus tard, devra suivre un traitement à vie. Cinq mois se sont écoulés entre le diagnostic et la prise en charge. « On m’a fait comprendre que ça aurait été moins grave si j’avais été soignée avant. » Aujourd’hui, elle dit que la France ressemble à l’Angleterre. « Je m’en souviens, à l’époque, ils disaient là-bas que le temps que vous voyiez un médecin, soit vous êtes mort, soit vous êtes guéri. Voilà, on en est là. »

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