Les constructeurs automobiles ont rarement été aussi confiants sur leur avenir. Ce mercredi, à l’occasion de la publication de leur résultat du premier trimestre, Stellantis et Mercedes ont décidé de ne pas faire de prévisions financières pour l’année 2025. Et ce, « en raison des incertitudes liées aux tarifs douaniers » a indiqué le groupe automobile français.
Après avoir imposé 25 % de droits de douane sur les véhicules importés aux États-Unis, mardi soir, le président américain Donald Trump a signé un décret pour éviter un cumul de droits de douane aux constructeurs automobiles. Ces derniers vont ainsi être exemptés de payer d’autres taxes douanières, comme celles sur l’acier ou l’aluminium.
Des prévisions dépendantes de la décision finale de Trump
Une bonne nouvelle qui « ne garantit pas que Trump change à nouveau d’avis dans les prochaines semaines », affirme à La Tribune Emeric Blond, gérant actions chez Tailor AM. Une incertitude qui constitue un véritable grain de sable dans la chaussure des constructeurs puisque l’Amérique du Nord représente 24 % du chiffre d’affaires de Mercedes et 30 % du résultat opérationnel ajusté de Stellantis. « Ces entreprises sont donc très exposées aux droits de douane puisqu’elles ne produisent quasiment pas aux États-Unis mais beaucoup au Mexique et au Canada » ajoute l’expert de la Bourse.
Avant d’ajouter que « les constructeurs ne veulent pas investir sur le sol américain car assembler là-bas coûte beaucoup plus cher qu’au Mexique. Donc les constructeurs se demandent s’ils doivent continuer à vendre aux États-Unis ou s’ils doivent arrêter car leurs voitures ne seront plus compétitives et risqueraient de ne pas trouver d’acheteurs. »
Les taxes de Trump pourraient donc changer du tout au tout les résultats des constructeurs cette année en fonction de leur taux. « Or établir des prévisions sur des variables peu visibles revient à risquer de s’exposer à de potentielles déceptions de résultats auprès des analystes boursiers et donc à des chutes de cours », explique Anne-Laure Frischlander-Jacobson, PDG de la société d’investissement Evvest. Un point de vue partagé par le gérant actions chez Swiss Life gestion privée Eric Bleines qui confie que « c’est, dans le cas des constructeurs, mieux de ne pas faire de guidance. »
Pas de panique en Bourse
Si la nouvelle n’a pas ravi les investisseurs et a tiré le titre de Stellantis et Mercedes à la baisse de respectivement -1,73 % et -2,43 % à 15 h 30, celle-ci est restée mesurée, ce mercredi. Et pour cause, « le marché a déjà intégré les droits de douane dans les cours » affirme William Pichon, président de Kairos gestion privée. Depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, le 20 janvier, le titre de Stellantis a perdu 35 % contre 7% pour le constructeur allemand.
À moyen terme, les analystes ne voient pas d’un mauvais œil la suspension des prévisions. « Ça va permettre à ces entreprises de donner des perspectives plus réalistes lors des prochains résultats trimestriels », estime William Pichon. À condition que le président américain arrête de changer frénétiquement d’avis d’ici là.
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Maxime Heuze