Donnant-donnant. Après que Donald Trump a mis en pause la hausse des droits de douane, le Canada a suspendu l’essentiel de ses mesures de représailles. Dominic LeBlanc, le ministre canadien des Finances, l’a annoncé sur le réseau X.
L’exemption, qui s’étendra jusqu’au 2 avril, concernera les produits qui répondent aux règles fixées par l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) et s’accompagnera d’une baisse des droits de douane imposés à la potasse, qui passent de 25 % à 10 %.
Donald Trump avait appliqué mardi des droits de douane de 25 % au Mexique et au Canada. Ottawa avait répondu dans la foulée par des représailles tarifaires sur 30 milliards de dollars canadiens (environ 19,5 milliards de dollars) de produits américains et assuré que la liste s’allongerait avec le temps, pour atteindre un total de 125 milliards de dollars canadiens (87 milliards de dollars).
Une collaboration avec « des résultats sans précédent »
De son côté, la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a salué dans la foulée la décision de son homologue américain Donald Trump de suspendre jusqu’au 2 avril les droits de douane envers le Mexique, évoquant une collaboration avec « des résultats sans précédent ».
« Le Mexique n’aura pas à payer de droits de douane sur toutes les marchandises couvertes par l’ACEUM », le traité de libre-échange qui régule l’essentiel des échanges commerciaux entre les deux pays, a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.« Cet accord va jusqu’au 2 avril », ajoute Donald Trump, qui assure avoir pris cette décision « par égard » pour Claudia Sheinbaum, avec laquelle il entretient une «très bonne »relation.
La présidente mexicaine avait menacé d’annoncer dimanche, lors d’un rassemblement populaire, des mesures « douanières et non douanières ». Les droits de douane menaçaient de provoquer une récession au Mexique, dont plus de 80 % des exportations partent vers les États-Unis, d’après les experts.
S’il s’est montré positif à l’égard de la présidente mexicaine, Donald Trump a adopté un ton plus acerbe envers le Premier ministre Justin Trudeau, l’accusant d’utiliser la question des droits de douane pour tenter de s’accrocher au pouvoir, alors que ce dernier quittera son poste dans quelques jours. Mercredi, Donald Trump avait déjà concédé une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile à la demande des constructeurs américains. Le Mexique et le Canada avaient également bénéficié d’une première pause d’un mois sur l’imposition des taxes.
Trump se défend de suivre les humeurs de Wall Street
Plusieurs indicateurs de confiance ont chuté depuis le début de l’année aux États-Unis et les risques de stagflation, soit l’association d’une croissance faible et d’une inflation élevée, sont à nouveau évoqués par certains analystes. « Sur le long terme, je ne suis pas inquiet au sujet de l’inflation », a cependant balayé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, estimant que « l’accès à des produits bon marché n’est pas le fondement du rêve américain », mais plutôt « la prospérité, l’ascension sociale et la sécurité économique pour tous ».
Les marchés mondiaux ont été secoués ces derniers jours, Wall Street en particulier accusant un net repli. Le S&P 500 a chuté de près de 2 % et le Nasdaq, à forte composante technologique, de 2,6 % ce jeudi. Donald Trump a toutefois assuré que sa politique douanière n’avait rien à voir avec les fluctuations boursières. En revanche, l’annonce des dispenses temporaires a permis aux marchés européens de repasser en territoire positif : la Bourse de Francfort a bondi de 1,47 %, Milan a pris 0,68 % et Paris 0,29 %. Londres, en revanche, a cédé 0,83 %.
Pékin ne désarme pas
Depuis Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a dénoncé vendredi des droits de douane américains « injustifiés », mettant en garde contre « la loi de la jungle » sur la scène internationale. L’économie chinoise devrait affronter une hausse de 20 % des droits de douane additionnels sur ses produits entrant aux États-Unis, selon le dernier acte du bras de fer commercial engagé avec Washington. « Si la coopération est choisie, elle peut aboutir à un bénéfice réciproque, mais si la pression continue, la Chine répondra fermement », a déclaré Wang Yi.
(Avec AFP)
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