Giorgia Meloni arrivera-t-elle à calmer le jeu entre Bruxelles et Washington ? La Première ministre italienne rend visite ce jeudi à Donald Trump. Objectif : négocier avec le président sur les droits de douane ou du moins apaiser les désaccords entre les États-Unis et l’Union européenne. La présidente du Conseil des ministres l’a répété : « Il faut à tout prix éviter une guerre commerciale qui ne profiterait à personne. »
Le président américain a imposé 20 % de droits de douane sur l’Union européenne le 2 avril, avant de les suspendre pour trois mois. Le Vieux Continent doit tout de même s’acquitter de 10 % de taxes réciproques sur tous ses produits exportés aux États-Unis ainsi que de 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles.
L’Italie se retrouve ainsi au cœur de la guerre commerciale. Le pays est très dépendant de ses exportations vers les États-Unis. C’est même le troisième pays avec le plus important excédent commercial. En 2024, les États-Unis ont importé pour plus de 76 milliards de dollars de biens italiens.
Unité européenne
Mais des politiques se sont montrés critiques sur la visite de la Première ministre, notamment en France. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, s’est inquiété semaine dernière que l’Italie fasse cavalier seul et négocie de façon bilatérale. « Il y a un risque, et c’est un risque qui est présent depuis le début, puisque nous savons que Donald Trump a une stratégie assez claire, assez simple, qui est de diviser les Européens », a-t-il lancé mercredi dernier sur Franceinfo.
Même son de cloche du côté de Benjamin Haddad, le ministre délégué chargé de l’Europe sur France 2 : « Nous avons tous collectivement intérêt, l’Italie, la France, l’Allemagne, les autres, à avoir une réponse unie et ferme plutôt qu’à se diviser et se disperser », a renchéri le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad sur France 2. « Si vous allez en rangs dispersés aux États-Unis, est-ce que vous croyez que vous êtes plus forts que si vous y allez à 27 ? », a-t-il complété.
Il faut dire que depuis l’arrivée du président à la Maison-Blanche, la conservatrice Giorgia Meloni n’a pas caché ses affinités politiques pour le président américain. Elle était d’ailleurs la seule des dirigeants de l’UE à s’être rendue à la cérémonie d’investiture du milliardaire républicain en janvier. Trump, lui-même, a déclaré qu’elle était « une dirigeante et une personne fantastique ».
Encore récemment, elle a pris le parti du vice-président, J.D Vance, après qu’il a tancé les chefs de l’UE de ne pas respecter la liberté d’expression ou de mettre fin à l’immigration. Elle doit d’ailleurs recevoir le vice-président en Italie fin de semaine à son retour à Rome. Sur le volet de la guerre commerciale, si elle a donné son accord sur les mesures de rétorsion européennes face aux droits de douane américains, elle ne souhaite pas pour autant prendre des mesures plus strictes.
Malgré ces a priori sur le voyage de la Première ministre, d’autres voix se sont montrées plus enthousiastes. En Allemagne, un proche du chancelier, Johann Wadephul, a parlé d’un « signal fort » en évoquant cette visite, rapporte Politico.
Par ailleurs, Giorgia Meloni se serait entretenue avant son départ avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui n’a, elle, pas encore été reçue à la Maison-Blanche. La Première ministre italienne déclarait en tout cas dans une interview au Financial Times fin mars : « L‘Italie peut avoir de bonnes relations avec les États-Unis et s’il y a quelque chose que l’Italie peut faire pour éviter la confrontation avec l’Europe et pour construire des ponts, je le ferai — et c’est dans l’intérêt de l’Union européenne ». Reste à voir si la dirigeante parviendra à conclure un accord.
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