L’escalade de la guerre commerciale de Donald Trump se poursuit. Dans un décret entré en vigueur ce mercredi, le président américain double les taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, qui passent désormais de 25 à 50 %, mettant ainsi sa menace, proférée vendredi dernier, à exécution.
Pour justifier sa décision, Donald Trump a mis en avant sa volonté de protéger les industries américaines du secteur qui « vont être plus fortes que jamais » mais aussi de s’assurer que les importations « ne mettront pas en péril la sécurité nationale ».
« Même si les droits de douane imposés jusqu’ici ont apporté un soutien essentiel aux prix sur le marché américain, ils n’ont pas permis à ces industries de développer et de maintenir un taux d’utilisation des capacités de production qui soit suffisant pour leur pérennité et au regard des besoins de la défense nationale », précise, quant à lui, le texte du décret.
Dans le même temps, des discussions sur les droits de douane doivent avoir lieu ce jour, en marge d’une réunion ministérielle de l’OCDE à Paris, entre les États-Unis et certains de ses partenaires commerciaux.
✍L’Europe réfléchit à sa réplique
Un décret que « regrette vivement » l’Union européenne et qui « sapent les efforts en cours pour parvenir à une solution négociée », a réagi samedi la Commission européenne, juste après l’annonce de cette nouvelle surtaxe. Dans ce contexte, le Vieux Continent ne compte pas rester les bras croisés : « Si aucune solution mutuellement acceptable n’est trouvée », des « contre-mesures » européennes « prendront automatiquement effet le 14 juillet, voire plus tôt si les circonstances l’exigent », a ainsi confié une porte-parole de l’UE.
Depuis mi-mars, l’Union européenne est déjà touchée par des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium et de 25 % sur les automobiles. Donald Trump a également annoncé un mois plus tard des taxes dites « réciproques » de 20 % sur tous les autres produits européens, mises cependant en pause jusqu’au 9 juillet pour permettre des négociations.
📰Notre dernière actualité : Droits de douane : l’Europe, une nouvelle fois déstabilisée par Trump
Des répliques européennes qui peuvent mener à la surenchère si les négociations n’aboutissent pas. Pour rappel, l’Europe a déjà répliqué en mars à la première série de taxes de 25 % sur l’acier et l’aluminium, sur près de 26 milliards d’euros de produits importés des États-Unis. Donald Trump avait alors déjà menacé, lui aussi, de « répliquer ».
✍Le secteur européen en crise
Pour l’Europe, l’acier et l’aluminium sont des sujets sensibles. Le secteur est en crise : « En dix ans, la production d’acier en Europe est passée de 7 % de la production mondiale à 4 % », avait déclaré en mars Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne et commissaire chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle. Il avait alors détaillé un plan davantage protectionniste pour protéger le marché. « Dès le mois d’avril, nous baisserons de 15 % la quantité d’acier qui peut venir sur le territoire européen », avait-il ainsi annoncé. Parmi les autres pistes envisagées : la mise en place d’une taxe sur les déchets d’acier.
L’acier et l’aluminium européen ont fait face ces dernières années à des coûts énergétiques importants, mais aussi aux surcapacités chinoises qui ont envahi le marché à bas coûts. La fermeture du marché américain avec les droits de douane ajoute de l’huile sur le feu.
📰Notre décryptage : L’Europe montre les dents pour sauver la production d’acier sur son sol
De son côté, la Chine a annoncé début mars qu’elle comptait réduire sa production en 2025. « Nous introduirons des politiques et des mesures visant à résoudre les problèmes structurels des industries clé et mettre fin au phénomène de la concurrence déloyale par le biais de la réglementation et de la modernisation de l’industrie », a souligné un rapport un officiel, sans donner plus de précisions sur les chiffres. Premier producteur mondial d’acier, les surcapacités chinoises auraient atteint 551 millions de tonnes en 2023 dans le monde, d’après l’OCDE. Le secteur chinois est pointé du doigt pour être largement subventionné par le gouvernement, faussant ainsi la concurrence mondiale et tirant à la baisse les prix.
📰 Pour un rappel : Acier: la Chine va (enfin) réduire sa production
✍Les grands groupes attendent de pied ferme le plan européen
Sur le terrain, les producteurs européens sont toujours à la peine. L’Allemand ThyssenKrupp a déjà annoncé des milliers de suppressions d’emploi. Le groupe européen ArcelorMittal a des difficultés à financer ses investissements de décarbonation sur le continent. Pire, en avril, la direction a annoncé un plan de suppressions de 600 postes en France.
📰 Notre article sur le sujet : Acier : ArcelorMittal va supprimer 600 postes en France
Malgré les craintes que le groupe européen arrête ses investissements en France, il a confirmé courant mai qu’il comptait bien produire de l’acier décarboné à Dunkerque. Son investissement est cependant revu à la baisse. Le groupe attend avec impatience la mise en place du Plan acier présenté par Stéphane Séjourné, évoqué plus haut.
Mais il n’y a pas qu’en Europe que les groupes du secteur sont en difficulté. L’Américain US Steel a dû se rapprocher du Japonais Nippon Steel. Après que le projet de rachat du premier par le Japonais n’eût pas obtenu les faveurs de Donald Trump, le président a finalement donné son aval pour un projet de partenariat. Nippon Steel investira dans US Steel dans les 14 prochains mois.
📰 Pour un rappel de cette actualité : Rachat de U.S. Steel : feu vert de Trump à un « partenariat » avec Nippon Steel
À lire également