Héros de la qualification de Dunkerque contre Lille en 8es de finale de la Coupe de France, Tejan Kay (28 ans) ne passera pas inaperçu ce mardi (21h10) lors de la demi-finale au PSG. L’attaquant néerlandais au crâne chauve en raison d’une alopécie, était un inconnu à son arrivée en France l’été dernier, après un parcours marqué par sa persévérance.
Sans lui, Dunkerque n’en serait pas là. Le 4 février dernier, Kay Tejan (28 ans) s’est élevé le plus haut dans le ciel lillois pour propulser un coup de tête dans le petit filet de Vito Mannone. Un but au-delà du temps additionnel qui a envoyé Dunkerque, outrageusement dominé, vers une séance de tirs au but inespérée et finalement remportée face au Losc (1-1, 4 t.a.b. 5) à l’issue d’un huitième de finale au scénario fou. Un nouvel exploit à Brest (2-3) et deux mois plus tard, le club nordiste défie le PSG, ce mardi (21h10) en demi-finale. Et Kay Tejan ne devrait pas passer inaperçu.
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“Quand j’avais 15-16 ans, je suis devenu un homme, un gars plus dur”
Il n’est pourtant pas certain de débuter et pourrait peiner face à la défense parisienne, s’il entre en jeu. Mais l’attaquant néerlandais suscite toujours la curiosité depuis sa signature l’été dernier dans l’anonymat le plus complet. Natif d’Amsterdam, le joueur n’a pas connu une formation régulière à travers les grands clubs du pays. Plutôt les galères après avoir fui le domicile de son père, d’origine jamaïcaine, avec sa mère et son frère, mais aussi l’errance et les petits boulots comme celui de coursier. Avec, comme fil rouge, le football débuté dans des clubs d’Amsterdam (AFC).
“Nous changions souvent de lieu de résidence parce que nous devions fuir notre père”, confiait-il au média polonais, Weszlo, en février 2024. “C’était un homme mauvais. (…) Quand j’avais 15-16 ans, j’ai commencé à penser différemment de mes pairs. Je suis devenu un homme, un gars plus dur qui a accepté le fait qu’il n’avait pas eu une enfance normale.” Il a connu la violence dans la capitale néerlandaise sans jamais franchir la ligne rouge mais en renforçant son caractère, très affirmé. “Je n’ai pas consommé de drogue et je n’ai été impliqué dans aucun crime”, assure-t-il. “Je savais dès le début que ce n’était pas la direction que je voulais prendre dans la vie. Il est facile de faire des choses stupides à un jeune âge et dans un mauvais environnement, j’en ai fait quelques-unes moi-même, mais je n’ai pas emprunté la mauvaise voie. Je ne me suis pas déçu moi-même, ni ma mère, ni mon frère.”
Amateur, semi-professionnel, le joueur a gravi les échelons locaux de de la quatrième à la deuxième division néerlandaise avant de découvrir la Coupe d’Europe avec le Sheriff Tiraspol lors d’un prêt de six mois (2022) où il a participé aux barrages de Ligue des champions et de Ligue Europa. Il est ensuite parti libre en Pologne où ses sept buts avec Lodz (D1 polonaise) ont convaincu les ambitieux dirigeants dunkerquois d’investir 230.000 euros pour le recruter. Le premier transfert payant de l’étonnante carrière de Kay Tejan.
Chauve à 16 ans
Dans le Nord de la France, l’attaquant marque peu (deux buts en championnat, et celui en Coupe de France face à Lille) mais Luis Castro, son entraîneur compte beaucoup sur son physique et son impact (31 matchs disputés cette saison). Qu’il soit titulaire ou qu’il entre en jeu, son solide gabarit marque les esprits, autant que sa calvitie, due à l’alopécie, dont il souffre depuis ses 16 ans. Cette maladie auto-immune qui provoqué la perte des poils et qui touche notamment Edouard Philippe, ancien Premier ministre français.
“Chaque matin, je retrouvais des cheveux sur mon oreiller”, expliquait-il au média ELF Voetbal. “Au bout de six mois, je n’avais plus de poils. Les médecins disent que ça pourrait revenir. Ce pourrait être demain, dans deux ou dix ans, ou peut-être pas du tout. Heureusement, la maladie n’a pratiquement pas d’autres conséquences. Je remarque seulement que j’ai vite froid. En automne, je porte déjà des gants et je porte presque toujours une casquette ou un chapeau. Je suis plus sensible aux rhumes ou au nez qui coule. Je m’habille toujours chaudement.”
Ce mardi, il se verrait bien jouer un mauvais tour à la défense parisienne et profiter de cette exposition pour se faire davantage connaître. Et nourrir son ambition de porter les couleurs de la sélection jamaïcaine même si cela s’annonce compliqué. “J’ai de la famille là-bas, mais la mort de mon père s’est avérée problématique”, expliquait-il l’année dernière. “J’avais besoin de quelque chose de sa part pour des papiers, mais la dernière fois que j’ai eu des contacts avec lui, c’était quand j’avais quatre ans. C’est une question difficile. Je ne sais pas encore comment la résoudre.”