Plus de trois heures. Emmanuel Macron a été longuement interrogé, mardi 13 mai, en prime time sur TF1. Plus discret depuis la dissolution ratée de juin 2024, le président de la République était attendu sur bon nombre de sujets. Si le locataire de l’Élysée a finalement frustré une très large majorité de Français (72 %), oscillant entre « indifférence », « déception » et « mécontentement », il les a aussi parfois convaincus au cours de l’émission, selon l’Observatoire de la politique BVA Xsight*.
D’après cette enquête d’opinion réalisée les 14 et 15 mai, après la prise de parole présidentielle, le chef de l’État a réussi à emporter l’adhésion des Français en évoquant deux mesures : faire participer les prisonniers à leurs frais de détention, et organiser un référendum sur la fin de vie en cas de blocage au Parlement.
Faire payer les détenus
Face au maire de Béziers (Divers droite), Robert Ménard, Emmanuel Macron a jugé que faire participer les détenus à leur frais de détention est une mesure « tout à fait pertinente ». Les Français sont sur la même ligne et plébiscite l’idée à 74 %, selon le sondage BVA Xsight.
Tactiquement, le président de la République a choisi de soutenir une proposition défendue, à l’origine, par son garde des Sceaux, Gérald Darmanin. Fin avril, sur TF1, le locataire de la place Vendôme avait indiqué : « Jusqu’à 2003, les détenus participaient aux frais d’incarcération (…). Je vais rétablir ces frais d’incarcération. » Et de préciser : « Ça coûte 10 millions d’euros par jour le fonctionnement de nos prisons, quasiment 4 milliards d’euros par an. »
Pour mettre en place le paiement des détenus, il faudra cependant changer la loi. Pour cela, l’exécutif entend soutenir la proposition de loi du député (LIOT), Christophe Naegelen, visant à « instaurer une contribution forfaitaire obligatoire des détenus condamnés et incarcérés ». Selon Gérald Darmanin, le montant devrait être « symbolique, mais important ».
Organiser un référendum sur la fin de vie
Durant l’émission, Emmanuel Macron a aussi été interrogé sur la fin de vie. C’est l’ancien journaliste Charles Biétry, gravement atteint par la maladie de Charcot depuis huit ans, qui lui a demandé de préciser sa position sur ce sujet délicat.
En parallèle, deux propositions de loi – l’une sur les soins palliatifs et l’autre sur l’aide à mourir -, sont examinées à l’Assemblée nationale depuis lundi. « Je souhaite que le texte qui est engagé aujourd’hui soit voté », a indiqué le chef de l’État. Mais, « si à l’issue de premières lectures (à l’Assemblée nationale et au Sénat, NDLR) on voyait qu’au fond il y a un enlisement, qu’il y a une impossibilité d’aller au bout, à ce moment-là, je pense que le référendum peut être une voie pour débloquer », a-t-il annoncé.
D’après l’enquête d’opinion, la proposition d’un référendum sur la fin de vie est soutenue par près de 70 % des Français. Plus généralement, près de 6 sur 10 plébiscitent l’idée du référendum et souhaitent pouvoir s’exprimer, au cours d’un vote unique, sur de multiples sujets : économiques, éducatifs, sociaux et institutionnels.
Pour rappel, le dernier référendum organisé en France s’est déroulé le 29 mai 2005. Il portait sur la ratification d’un traité établissant une Constitution pour l’Europe. Le non l’avait emporté à 54,67 %.
*Enquête réalisée par Internet les 14 et 15 mai 2025. 1 004 personnes âgées de 18 ans et plus ont répondu à l’enquête. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de la personne interrogée, région et catégorie d’agglomération.
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Jean-Victor Semeraro