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Renversant
Par Marianne
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L’annonce des nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump ce mercredi 2 avril a fait l’effet d’une déflagration. À quelles répercussions sur l’économie mondiale, immédiates comme futures, peut-on s’attendre ? « Marianne » fait le point à travers neuf chiffres.
« L’opération est terminée ! Le patient a survécu et se remet. Le pronostic est que le patient sera bien plus fort, plus grand, meilleur, et plus résilient que jamais », déclarait le président américain la veille, toujours sur sa plateforme. Une comparaison bien choisie, tant les nouveaux tarifs douaniers ont des airs de saignée… Si le président promettait que le 2 avril – jour de signature du décret – marquait « le jour de la libération » des États-Unis, les conséquences immédiates comme futures, font trembler les dirigeants.
Depuis, les marchés boursiers dévissent tour à tour pendant que les plus grosses fortunes mondiales continuent à perdre des milliards de dollars. Et les calculs prospectifs font miroiter un avenir tout aussi sombre. « Marianne » vous propose un florilège des chiffres les plus délirants pour mesurer les effets de ce coup de tonnerre, pourtant attendu.
208 milliards en moins pour les 500 plus riches
Après les annonces de Donald Trump, les bourses ont dévissé ce jeudi 3 avril. En une seule journée, les 500 personnes les plus riches du monde enregistraient ainsi une perte (virtuelle) cumulée de 208 milliards de dollars – soit une baisse moyenne de 3,3 %, selon Bloomberg. C’est la quatrième plus forte chute cumulée enregistrée en treize années de suivi de l’indice quotidien de classement des milliardaires (Bloomberg Billionaires Index). Les milliardaires français n’ont pas été épargnés puisque le Français Bernard Arnault (LVMH) enregistre une perte de 6 milliards d’euros, se classant à la septième place des milliardaires les plus affectés.
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Mark Zuckerberg perd 17,9 milliards
Le patron de l’entreprise de réseaux sociaux Mark Zuckerberg a vu sa fortune personnelle dévalorisée à hauteur de 17,9 milliards de dollars après que l’action du groupe Meta a chuté de 9 %, toujours selon le média américain. Sitôt l’annonce des nouvelles taxes, les valeurs technologiques chutaient à la bourse de New York, le Nasdaq – une bourse d’échange américaine qui se concentre principalement sur les actions technologiques – perdait ainsi 4,41 % et plusieurs géants du secteur plongeaient, à l’instar d’Apple, Dell ou Broadcom.
Jeff Bezos amputé de 15,9 milliards
L’action Amazon a également chuté dans les mêmes proportions. Elle a dévissé de 9 %… De quoi entraîner une perte de 15,9 milliards de dollars de dévalorisation personnelle pour Jeff Bezos – soit la plus grosse chute depuis avril 2022. « L’action de l’entreprise a d’ores et déjà perdu plus de 25 % par rapport à son pic de février », annonçait le média américain Bloomberg.
9 milliards en moins pour Elon Musk
La compagnie de voitures électriques d’Elon Musk a également plongé, coûtant environ 11 milliards de dollars à l’homme le plus riche du monde, alors que son patrimoine a fondu de 148 milliards de dollars depuis le 17 janvier. Rappelons notamment que le 10 mars dernier, le bras droit de Donald Trump, toujours à la tête du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a perdu pas moins de 29 milliards de dollars… en une seule journée.
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669 000 emplois menacés aux États-Unis
Ces nouveaux droits de douane pourraient également entraîner la suppression de 669 000 emplois à travers les États-Unis, s’ils sont maintenus sur une longue période, selon une étude de la Tax Foundation. Ce think tank américain estime par ailleurs que le PIB du pays devrait reculer de 0,8 %.
« Plusieurs dizaines de milliers d’emplois » pourraient également être menacées en France, selon le Medef. Les secteurs français qui devraient être les plus touchés par les mesures douanières annoncées par Donald Trump sont ceux du vin et des spiritueux, des cosmétiques ou encore des produits laitiers.
70 000 emplois à risque dans la région de Cognac
Le marché américain est le premier marché étranger pour les vins et les spiritueux français. Champagne, Cognac, vin… Avec 3,8 milliards d’euros, il pesait 24,5 % de la valeur totale des exportations françaises en 2024, selon les chiffres annuels de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Les exportations de spiritueux (avec le cognac en tête) vers les États-Unis représentaient près d’un tiers (32,9 %) des volumes exportés, en s’élevant à 1,5 milliard d’euros.
Dans un communiqué publié ce jeudi 3 avril, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a estimé « que les nouvelles surtaxes américaines pourraient entraîner une baisse de près de 800 millions d’euros pour les exportations françaises du secteur viti-vinicole ». Dans la seule région de Cognac, ce sont près de 70 000 emplois qui sont ainsi menacés.
Hausse des tarifs pour les ménages américains
« Tenez bon », a lancé Donald Trump ce samedi 5 avril à ses compatriotes après l’entrée en vigueur des droits de douane additionnels de 10 % visant une grande partie des produits importés par les États-Unis. « C’est une révolution économique et nous allons gagner », a écrit en lettres majuscules le président américain sur sa plateforme Truth Social, reconnaissant que ça n’allait « pas être facile ».
Et pour cause, les ménages américains pourraient devoir payer en moyenne 2 100 dollars américains de plus cette année en raison des tarifs douaniers imposés au monde entier par Donald Trump, rapporte le Journal du Québec. Les calculs de la Tax Foundation font en effet état d’une hausse importante des tarifs sur l’ensemble des importations, les faisant passer de 2,5 % en moyenne à 18,8 %. D’autres calculs, venant de l’Université de Yale cette fois-ci, évoquent une somme pouvant aller jusqu’à 3 800 dollars de plus par famille américaine.
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Le prix des SUV en forte augmentation
Dans quelle mesure les prix pourraient augmenter ? Les constructeurs de voitures de type SUV pourraient décider une hausse des prix de 10 000 dollars – pour des voitures vendues en moyenne à 48 000 dollars – s’ils veulent protéger leurs marges, estime la Bank of America. Mais certains constructeurs pourraient rogner sur ces dernières, en attendant de produire aux États-Unis, et limiter ainsi ces hausses à 4 500 dollars, pointe le Journal de l’automobile.
Ce samedi 5 avril, le constructeur automobile britannique Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé suspendre ses livraisons de véhicules aux États-Unis, en raison des nouveaux droits de douane imposés sur le secteur automobile depuis le 3 avril par Washington. « Les États-Unis sont un marché important pour les marques de luxe de JLR. Pendant que nous œuvrons à répondre aux nouvelles conditions commerciales avec nos partenaires, nous mettons en œuvre des actions à court terme, notamment une pause des expéditions en avril », a indiqué un porte-parole du groupe.
Baisse du commerce de marchandises
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) anticipe une baisse d’environ 1 % du commerce de marchandises en volume en 2025, a annoncé jeudi 3 avril Ngozi Okonjo-Iweala, la cheffe de l’institution internationale. « Je suis profondément préoccupée par cette baisse et par le potentiel d’escalade vers une guerre tarifaire avec un cycle de mesures de représailles qui mènerait à de nouvelles baisses des échanges de marchandises », a-t-elle déclaré. De son côté, le président américain Donald Trump pense qu’agir sur les droits de douane permettra de réindustrialiser les États-Unis de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire… À rebours de nombre d’économistes qui s’alarment des lourdes conséquences pour l’économie mondiale d’une telle mesure.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne