“En niant l’existence du racisme anti-Blanc, Éric Fassin s’adonne au racisme systémique sans le savoir”

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“En niant l’existence du racisme anti-Blanc, Éric Fassin s’adonne au racisme systémique sans le savoir”





















N’en déplaise à Éric Fassin, le racisme anti-Blancs est une réalité juridique.
Capture d’écran

Tribune

Par David Chauvet

Publié le

David Chauvet, docteur en droit privé et sciences criminelles, déconstruit le discours du sociologue Eric Fassin, pour qui le racisme anti-Blanc n’existe pas.

La publication du livre Une nuit en France (Grasset), de Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon, sur la mort de Thomas, rugbyman de 16 ans, tué à la fin d’un bal de village à Crépol (Drôme), dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, a relancé le débat sur l’existence d’un racisme contre les Blancs et, pire, sur sa possibilité même. Éric Fassin, universitaire, qui, en théorie, se réclame de la vérité scientifique et de la raison, est souvent cité en référence sur le sujet.

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Or, dans son propos, aucune trace de rationalité. Il n’est pas inutile de le citer in extenso au micro de France Culture, il y a quelques années : « Le racisme anti-Blancs n’existe pas pour les sciences sociales. Ça n’a pas de sens. Mais en revanche, c’est très présent dans le discours public. On en parle beaucoup. Il y a donc un écart entre ce que racontent les disciplines scientifiques et ce dont on parle dans le débat public. Mais bien sûr, il peut y avoir des insultes, il peut y avoir des agressions. Est-ce qu’on a besoin d’appeler ça du racisme, quand bien même on me dirait “sale Blanc” ? Les sciences sociales, de ce point de vue, sont très attentives à dire : si on commence à reprendre à son compte le discours de l’extrême droite qui nous dit que, au fond, tous les racismes, ça se vaut, eh bien, on est en train de nier la réalité de l’expérience d’une partie importante de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Et dire que, au fond, traiter de “sale Blanc” et traiter de “sale Noir”, c’est la même chose, c’est faire comme si, quand on dit “sale Blanc”, ça résonnait avec toute une histoire, avec toute une expérience sociale ordinaire, et avec tous les discours politiques ».

Une définition problématique

Que la sociologie rejette en bloc le racisme anti-Blancs ne prouve ni son inexistence, ni son absence de fondement, pas plus que le géocentrisme n’avait été démontré par le consensus de l’époque. Tout ce que nous démontre Éric Fassin, pour peu que son propos reflète la réalité académique, c’est que la sociologie est gangrenée par un biais monstrueux. D’abord, une science digne de ce nom ne saurait être aussi monolithique, sous peine de verser dans le dogme. C’est déjà, en soi, un problème majeur, et un scientifique honnête devrait s’en inquiéter, plutôt que de s’en féliciter aussi benoîtement.

Ensuite et surtout, Éric Fassin commet une erreur grossière en niant la pertinence de la notion de racisme anti-Blancs. Il confond manifestement le concept de racisme avec celui de racisme systémique. Or, il est évident que ces deux notions sont distinctes, ne serait-ce que par la présence de l’adjectif « systémique ». Si le racisme était systématique par essence, il serait inutile de le préciser, et encore moins de le justifier comme le font ad nauseam Éric Fassin et autres militants décoloniaux.

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Le concept de racisme qu’ils défendent n’a aucune correspondance avec la définition communément admise. Un scientifique, s’il se veut descriptif, devrait s’adapter aux concepts existants, et non les remodeler à sa guise. Sinon, il verse dans le normatif, c’est-à-dire l’idéologie, et son analyse devient partisane, perdant toute prétention à l’objectivité.

Exclure l’antisémitisme ?

Il est facile de démontrer qu’Éric Fassin et ses partisans ont une conception du racisme non seulement biaisée, mais absurdement restrictive. Ils le réduisent à un phénomène systémique, se manifestant principalement par des discriminations, par exemple à l’embauche ou au logement. Mais les juifs, par exemple, ne sont-ils pas victimes de racisme lorsque des minorités les traitent de « sales juifs » ? L’antisémitisme doit-il être exclu du concept de racisme sous prétexte qu’il n’est pas systémique ? Si telle est la position d’Éric Fassin, qu’il le dise. Mais il y gagnerait sans doute moins en objectivité, hélas, qu’en obscénité.

Éric Fassin nous parle aussi d’une longue histoire de domination, avec les Blancs comme dominants et les Noirs comme dominés. Très bien, mais qu’en est-il d’un Noir traitant un Arabe de « sale Arabe » en référence à la traite arabo-musulmane ? Cette insulte n’est-elle pas raciste ?

On pourrait multiplier ces exemples, dont la seule existence prouve que la cohérence du concept de racisme défendu par Éric Fassin est loin d’être évidente. Cela mériterait, pour le moins, un débat approfondi, débat qu’il refuse a priori au nom d’un consensus entre convaincus. Sur quoi est-il basé, la science ou le politiquement correct ? Combien osent braver un tel consensus, quand on voit qu’une maison d’édition doit reculer sous les oukases d’un mandarin ? L’intimidation est un très bon moyen de générer le consensus, en effet.

Une réalité juridique

Lorsqu’Éric Fassin, ne pouvant nier l’existence factuelle du racisme anti-Blancs, en modifie le concept, c’est très grave, car cela revient à instaurer une discrimination à l’encontre des Blancs. En effet, selon sa logique, ils ne pourraient plus bénéficier de la protection du Code pénal contre le racisme. Le fait est que, n’en déplaise à Éric Fassin, le racisme anti-Blancs est une réalité juridique.

Exemple, l’article R625-7 du Code pénal, situé dans une Section 3 intitulée « Des provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire » : « La provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe. »

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Monsieur Fassin croit-il lire que les Blancs ne peuvent pas porter plainte pour racisme ? En réduisant le racisme à sa dimension systémique, il crée de facto une discrimination légale contre les Blancs. Sans doute, à l’image de monsieur Jourdain avec la prose, Éric Fassin s’adonne-t-il au racisme systémique sans le savoir.


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