Talkie-walkie à la main, Paul assure sa ronde dans les rues sinueuses de Bab Touma, quartier chrétien de la vieille ville de Damas. Fier de son gilet frappé de l’insigne de Faza’a, association de volontaires chrétiens en contact avec les services de sécurité du nouveau pouvoir syrien, l’ingénieur informatique veille à ce que personne ne trouble l’ordre. Plusieurs fois par semaine, il patrouille ainsi, bénévolement, pour rassurer les riverains. Après les massacres perpétrés contre la communauté alaouite (1 700 morts) en mars puis les violences visant les Druzes la semaine dernière, beaucoup, dans la communauté chrétienne, craignent d’être les prochains sur la liste.
D’autant qu’avec le désarmement des milices, y compris chrétiennes, voulu par les nouvelles autorités du pays, la minorité, qui constitue 2 % de la population syrienne, a l’impression d’être désormais sans défense. Depuis, la capitale bruisse de fausses nouvelles qui parlent d’enlèvements et de disparitions. « Ce sont surtout des ouï-dire, tempère Joseph Bali, évêque syriaque orthodoxe de Damas. La veille du dimanche des Rameaux, on m’a rapporté un projet d’attentat et conseillé d’annuler la procession. » Il a refusé, dénonçant « des rumeurs et de la propagande ».