La vague d’entreprises en difficulté a-t-elle fini par submerger Wave Bumper ? Selon nos informations, le spécialiste des digues amovibles est en cessation de paiement depuis le premier janvier dernier et en redressement judiciaire depuis le 4 mai. Faute de repreneur, la PME de Lahonce, en proche banlieue de Bayonne, créée en 2017, sera liquidée. Le dossier est suivi par l’administrateur Luc Fourquié du cabinet CBF Associés à Bayonne, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, tout comme les deux dirigeants, Rémi Chapron, son fondateur, et Christophe Hourcau.
Ce dernier a d’ailleurs quitté son poste de directeur commercial et opérationnel il y a huit mois, comme plusieurs des salariés, signe que les nuages s’amoncelaient déjà. C’est pourquoi le groupe, pourtant annoncé parmi les participants aux rencontres entre startups et grands groupes et collectivités organisées par la French Tech Pays basque ce mardi après-midi au Casino de Biarritz, n’aura pas de stand cette année.
Depuis sa création, en 2017, Wave Bumper a avancé à un rythme de croisière, engrangeant les contrats auprès de communes, la toute première d’entre elles ayant été Biarritz pour protéger les bâtiments -l’hôtel du Palais, Casino, piscine municipale…- situés autour de la grande plage en plein centre-ville, ainsi que des entreprises, notamment des établissements hôteliers, situées sur le littoral, en France et ailleurs.
Fabrication en France
Son concept breveté mis au point dès 2014 avait tout pour séduire : ses digues, réutilisables et maniables grâce au matériau composite (fibre de verre), avec leur courbe amortissant l’impact des vagues en les repoussant tel un bouclier, avaient l’avantage de ne pas défigurer le paysage. Elles ne s’installent en effet qu’en cas de risque de submersion causé par des tempêtes, des cyclones et des typhons tropicaux, mais aussi l’érosion.
De plus, la société avait également développé d’autres équipements, des modules courbés en béton aux sacs à remplir de sable, tout comme des protections pour les portes ou encore des remparts contre les inondations. Ces dispositifs pour parer aux évènements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et importants avec le dérèglement climatique étaient fabriqués dans l’usine de Soustons (Landes) que la PME avait rachetée auprès de son sous-traitant en juin 2022.
Soit seulement quelques mois avant son déménagement des locaux de la Technocité de Bayonne, appartenant à la communauté d’agglomération Pays basque, vers ses propres locaux construits à Lahonce. « Nous sommes en contact avec une trentaine de collectivités en France, en Espagne et aussi aux Etats-Unis, où nous avons un distributeur à New York, avait expliqué Christophe Hourcau à La Tribune fin 2023.
Des commandes publiques au compte-goutte
Six chantiers étaient alors en cours, dont celui de l’Hôtel du département de Charente-Maritime à La Rochelle, qui était à la fois le plus important en termes de taille et de crédibilité, car ce département, ravagé par la tempête Xynthia en 2010, est le plus avancé en France en matière de lutte contre la submersion marine.
Constatant que les autres collectivités mettaient plusieurs mois voire années à s’équiper, Wave Bumper, qui projetait alors un chiffre d’affaires annuel de 1,2 million d’euros, préparait une offre de location, une formule déployée avec succès par Bloc Stop, à Pessac (Gironde), de ses installations coûtant en moyenne 40 000 euros. Le duo de dirigeants, qui étaient tous les deux actionnaires avec une douzaine d’associés, comptait également lever trois millions d’euros en 2025, mais l’opération n’a jamais aboutie.