Vingt ans après une première exposition consacrée à l’affaire Dreyfus, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (à Paris) propose un regard renouvelé sur ce scandale politique qui a profondément marqué notre histoire. Si tous les épisodes du sinistre feuilleton judiciaire et médiatique qui s’est joué en France entre 1894 et 1906 sont abordés avec une précision remarquable et des documents rarement exposés, c’est surtout l’approche très humaine, très sensible, de la personnalité d’Alfred Dreyfus qui est ici à saluer. Elle justifie à elle seule le voyage dans un temps (nauséabond) pas si lointain.
Et s’il restait encore des parts d’ombre dans notre connaissance, collective, commune, partagée (en tout cas on l’espère), de l’affaire Dreyfus ? Des fragments de vérité que l’Histoire, la grande, celle qu’on apprend dans les classes de lycée et dans les livres, n’avait pas assez mis dans la lumière ? Et si était enfin venu le temps d’éclairer les morceaux les moins exposés de ce sombre et complexe puzzle ?
La passionnante exposition que le MAHJ consacre au terrible scandale politique et judiciaire qui a secoué la France à la fin du XIXe siècle répond clairement par la positive à ces questions liminaires, et propose précisément de braquer ses phares sur une de ces dimensions injustement occultées : le caractère admirablement résilient et l’immense dignité du capitaine Alfred Dreyfus. Pleins feux, donc, sur le combat acharné de cet officier juif de l’armée française accusé à tort, en 1894, d’espionnage au profit de l’Allemagne ! Pleins feux sur les textes, les lettres, les notes personnelles et l’insubmersible foi en la vérité d’un homme qui, bien que « dégradé » dans des conditions hideuses puis déporté (initialement, à vie) sur l’Île du Diable, en Guyane, refusa toujours de rendre les armes et d’accepter l’infamie.