L’issue de la réunion de la Réserve fédérale (Fed), programmée mardi et mercredi, ne fait guère de doute. L’institution devrait maintenir ses taux directeurs dans la fourchette de 4,25 % à 4,50 %, en vigueur depuis décembre. Ses responsables souhaitent d’abord jauger l’effet réel de la politique protectionniste relancée par Donald Trump. Car si certains signaux montrent une nervosité croissante, les indicateurs macroéconomiques restent globalement contenus : 4,2 % de chômage en avril, 2,3 % d’inflation en mars.
Mais les perspectives se dégradent. Lors de leur dernière réunion, les dirigeants de la Fed ont abaissé leurs prévisions de croissance et anticipé une hausse du chômage et de l’inflation. La guerre commerciale avec la Chine a entraîné une flambée des droits de douane. La surtaxe minimale de 10 %, imposée par Trump sur toutes les importations, jusqu’au cacao, renchérit le quotidien des ménages et des entreprises.
« C’est compliqué de dire si l’économie va entrer en récession, mais les droits de douane vont au moins ralentir la croissance », explique Loretta Mester, ex-présidente de la Fed de Cleveland, aujourd’hui professeure à Wharton.Maintenir les taux est donc, selon elle,« la bonne chose à faire », quitte à les réduire plus tard si l’activité se détériore franchement.
« Si la Fed panique, tout le monde paniquera »
Belinda Roman, économiste à l’université St Mary’s de San Antonio (Texas), va plus loin « Si la Fed baisse les taux maintenant, cela veut dire qu’ils sont inquiets, et ce sera pire. Si les marchés pensent que la Fed panique, alors tout le monde va vraiment paniquer. »
Donald Trump multiplie les attaques contre le président de la Fed, Jerome « Jay » Powell. Fin avril, il l’a traité « d’immense loser », estimant qu’il était « plus que temps » qu’il parte, tout en jurant qu’il ne comptait pas le révoquer. Cette semaine encore, il a réaffirmé qu’il n’était « pas un grand fan » de Powell, exigeant en lettres capitales sur Truth Social que la Fed baisse ses taux, car il n’y aurait selon lui « PAS D’INFLATION ». « Ce n’est pas nouveau qu’un président critique la politique monétaire », note Loretta Mester. « Ce qui l’est, c’est à quel point il le fait. »
(Avec AFP)
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